Vie de Cour au mois de juin 1791
Mercredi 1er juin 1791
Mme Campan, première femme de chambre de la Reine, n’est plus de service. Marie Antoinette donne, alors, ordre à Mme Campan de quitter Paris, et d’emmener son beau-père, M. Campan, secrétaire du cabinet et bibliothécaire de la Reine, prendre les eaux du Mont-Dore. Ils quittent Paris pour le Mont-Doré où ils arrivent après 5 jours de voyage. Ils y attendront les nouvelles et se mettront en route pour rejoindre les souverains.
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Jeudi 2 juin 1791
Le baron de Besenval, lieutenant-colonel des gardes suisses, meurt à Paris. Le baron de Besenval donnait un dîner de 25 couverts. Sa santé ne lui permit pas d’y prendre part ; mais au cours du repas, il apparut dans un vêtement blanc, l’œil éteint et la face livide. Un sourire étrange effleurait ses lèvres. « C’est l’ombre du Commandeur qui vous fait sa visite » dit-il d’une voix sépulcrale, puis retourne dans son appartement. Quelques minutes après, il n’était plus.
Son incarcération à Brie-Comte-Robert puis au Châtelet, suite aux événements du 14 juillet 1789, avait altéré sa santé. Il était l’un des habitués du Petit Trianon. Pour ne pas compromettre le Roi et la Reine, par ses affaires, le baron de Besenval était retourné en Suisse ; mais se sentant plus français que suisse, il était revenu à Paris, malgré une santé défaillante. |
Dimanche 5 juin 1791
Le duc de Choiseul est chargé d’instruire le comte Charles de Damas, dont le régiment Monsieur-Dragons était en garnison à Saint-Mihiel.
Feu le comte de Mirabeau avait conseillé à Louis XVI de partir de Paris, mais pour ce dernier « un Roi ne s’en va qu’en plein jour, quand c’est pour être Roi. » le temps n’était plus où l’on pouvait agir ainsi. En juin 1791, Louis XVI ne pouvait plus partir que nuitamment comme un fugitif.
Mercredi 8 juin 1791
Le Trésor verse les 2 millions sur les 25 millions alloués à La Liste Civile à la caisse de celle-ci.
Jeudi 9 juin 1791
Le duc de Choiseul est envoyé à Paris par le marquis de Bouillé pour traiter avec le Roi et s’assurer de ses dernières intentions au sujet de la fuite de la Famille Royale.
Vendredi 10 juin 1791
Le comte de La Motte-Picquet, lieutenant général des armées navales du Roi, meurt à Brest à l’âge de 71 ans. Il était sujet à de violentes attaques de goutte.
Le marquis de Bombelles, ancien ambassadeur auprès de la République de Venise, a été chargé d’obtenir, des Cantons suisses, un certain nombre de troupes, qui devront rejoindre Montmédy lorsque le Roi y sera.
Dimanche 12 juin 1791 - Pentecôte
Contrairement à la règle établie dans l’Ordre du Saint-Esprit, il n’y a pas la procession prévue des chevaliers de l’Ordre.
Nuit du 12 au 13 juin 1791
Le duc de Choiseul apprend, de Louis XVI, qu’il ne peut pas partir le dimanche 19, à cause d’une femme de chambre de M. le Dauphin, soupçonné de sentiments peu fidèles, et sur le secret de laquelle on ne pouvait compter ; mais que Mme Brunier entrant de service auprès du prince le lundi 20 à midi, tout devenait alors facile pour partir le lundi soir. Le duc de Choiseul représente, au Roi et à la Reine, avec toute la force possible, l’inconvénient grave du retard.
Lundi 13 juin 1791
Le marquis de Bouillé part de Metz sous le prétexte de faire une tournée des places frontières du côté du Luxembourg.
Mardi 14 juin 1791
Louis XVI se fait purger.
Mercredi 15 juin 1791
Il y a Grand Couvert.
Alors qu’il est à Longwy, au soir, le marquis de Bouillé reçoit une lettre du Roi lui annonçant que le départ, retardé d’un jour, n’aurait lieu que dans la nuit du 20 au 21 juin, entre minuit et 1 heure ; qu’il ne pouvait emmener avec lui le marquis d’Agoult, dans sa voiture, parce que la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, devait les accompagner. Elle avait insisté sur les droits de sa place, qui lui donnait celui de ne jamais quitter les Enfants de France, et cette considération l’avait emporté. Ce retard avait pour motif la nécessité de cacher les préparatifs du départ à une femme de chambre de la Reine, démocrate ardente, dont le service se terminait le 19 juin.
Ce retard contrarie beaucoup le marquis de Bouillé car les ordres avaient déjà été donnés pour le départ de plusieurs troupes.
Ce retard contrarie beaucoup le marquis de Bouillé car les ordres avaient déjà été donnés pour le départ de plusieurs troupes.
Teneur de l’ordre du Roi remis au commandant de chaque détachement :
« De par le Roi,
Mon intention étant de me rendre à Montmédy, le 20 juin prochain, il est ordonné au sieur de Bouillé, lieutenant général de mes armées, de placer des troupes ainsi qu’il le jugera convenable pour la sûreté de ma personne et celle de ma famille sur la route de Châlons sur Marne à Montmédy, voulant que les troupes qui seront employées à cet effet exécutent tout ce qui leur sera prescrit par le sieur de Bouillé, les rendant responsables de l’exécution des ordres qu’il leur donnera.
Fait à Paris, le 15 juin 1791
Louis
Suivait l’ordre particulier de M. de Bouillé à chaque commandant de détachement, en vertu et en exécution de l’ordre ci-dessus. »
« De par le Roi,
Mon intention étant de me rendre à Montmédy, le 20 juin prochain, il est ordonné au sieur de Bouillé, lieutenant général de mes armées, de placer des troupes ainsi qu’il le jugera convenable pour la sûreté de ma personne et celle de ma famille sur la route de Châlons sur Marne à Montmédy, voulant que les troupes qui seront employées à cet effet exécutent tout ce qui leur sera prescrit par le sieur de Bouillé, les rendant responsables de l’exécution des ordres qu’il leur donnera.
Fait à Paris, le 15 juin 1791
Louis
Suivait l’ordre particulier de M. de Bouillé à chaque commandant de détachement, en vertu et en exécution de l’ordre ci-dessus. »
Jeudi 16 juin 1791
Marie Antoinette informe Monsieur que le départ est fixé au lundi suivant.
Vendredi 17 juin 1791
Pour son voyage jusqu’à Montmédy, Louis XVI a décidé qu’il sera accompagné par trois gardes du corps. Il charge le comte d’Agoult, aide major général des quatre compagnies de gardes du corps, de procéder à la sélection. Le comte d’Agoult possède et avait l’estime du Roi. Ce dernier désigne M. de Malden, M. de Moustier et M. de Valory. Ils sont, tous les trois, issus de la compagnie de Noailles, qui avaient tous trois servis lors des journées des 5 et 6 octobre 1789. Il soumet ce choix au Roi qui accepte leurs services.
Ils sont présentés, ce jour, à Louis XVI et à Marie Antoinette. A cette occasion, elle leur demande leur nom de baptême, et leur indique qu’ils seraient désignés ainsi pendant le voyage. Il faut qu’ils soient pris pour des domestiques. Ils porteront une veste jaune taillée dans la forme de celle des courriers.
Louis XVI leur donne en détail toutes les instructions qui étaient nécessaires.
Ils doivent se trouver, aux Tuileries, le lundi suivant, entre 20 heures et 21 heures, pour y recevoir les ordres du Roi.
Ils sont présentés, ce jour, à Louis XVI et à Marie Antoinette. A cette occasion, elle leur demande leur nom de baptême, et leur indique qu’ils seraient désignés ainsi pendant le voyage. Il faut qu’ils soient pris pour des domestiques. Ils porteront une veste jaune taillée dans la forme de celle des courriers.
Louis XVI leur donne en détail toutes les instructions qui étaient nécessaires.
Ils doivent se trouver, aux Tuileries, le lundi suivant, entre 20 heures et 21 heures, pour y recevoir les ordres du Roi.
Au soir, comme de coutume Monsieur et Madame arrivent aux Tuileries. Marie Antoinette remet, à Monsieur, le projet de déclaration que Louis XVI avait préparé et qu’il venait de lui remettre. Marie Antoinette et Monsieur la lisent ensemble et la trouvent un peu longue. Monsieur y trouve quelques incorrections de style.
Après le souper, Monsieur fait quelques observations, à Louis XVI, sur son ouvrage ; Louis XVI lui dit de l’emporter et de la lui rendre le lendemain.
Après le souper, Monsieur fait quelques observations, à Louis XVI, sur son ouvrage ; Louis XVI lui dit de l’emporter et de la lui rendre le lendemain.
La duchesse de Fitz-James, dame du palais de la Reine, est à sa maison de campagne, et Marie Antoinette oblige la princesse de Tarente, aussi dame du palais, d’y aller.
Samedi 18 juin 1791
La suppression des charges de la Maison du Roi et de celle de la Reine est prononcée. Louis XVI signe un décret qui supprime l’hérédité des charges au sein de sa Maison.
Le soir, Monsieur porte son travail aux Tuileries. Il demande à Marie Antoinette si elle croyait qu’un passeport de l’ambassadeur d’Angleterre fut suffisant. Elle l’assure que le Roi, lui-même, n’en avait d’autre que du ministre de Russie.
Dimanche 19 juin 1791
Le marquis de Maillardoz est nommé lieutenant-colonel du régiment des gardes suisses, en remplacement du baron de Besenval.
La berline, commandée en décembre 1790, est amenée dans la cour de l’hôtel où loge le comte de Fersen, rue de Matignon ; mais elle attire de nombreuses personnes venues l’admirer.
Le comte de Fersen la fait conduire chez un de ses amis au 25 rue de Clichy. La berline est peinte en vert et jaune, doublée à l’intérieur de velours d’Utrecht blanc et comportant tout le confort pour un long voyage : deux cuisinières en tôle de fer, une cantine pouvant contenir huit bouteilles, deux pots de chambre en cuir bouilli, et deux fourches ferrées pour maintenir la berline dans les montagnes. Le marquis de Bouillé fait partir de Montmédy, M. de Goguelat avec des ordres pour tous les détachements de la route, annonçant qu’ils devaient attendre et escorter un trésor envoyé de Paris pour la subsistance des troupes. |
Lundi 20 juin 1791
Le marquis de Bouillé se rend à Stenay.
Au matin, le bruit se répand, dans Paris, que la Reine avait été arrêté, dans la nuit, en se sauvant avec Mme Elisabeth.
A 10 heures, M. le Dauphin se rend dans son jardin.
A 11 heures, la Reine et les personnes de sa suite se rendent à la messe. En sortant de la chapelle, elle ordonne que l’on prépare sa voiture pour 17 heures.
Après le dîner, M. le dauphin et Madame Royale sont envoyés dans leurs chambres respectives. Pendant ce temps, Louis XVI et Marie Antoinette s’enferment à Mme Elisabeth, pour lui annoncer le projet de départ.
A 17 heures, Marie Antoinette va se promener avec ses enfants, accompagnés de Mme de Maillé, dame du Palais, et de Mme de Soucy, sous-gouvernante de M. le Dauphin, à Tivoli, chez M. Boutin, au bout de la Chaussée d’Antin. Pendant la promenade, Marie Antoinette prend à part sa fille, et lui dit de ne pas s’inquiéter par ce qui va se passer. Ils rentrent, aux Tuileries, à 19 heures.
Pendant cette promenade, Marie Antoinette a pris sa fille à part, pour lui dire qu’elle ne devait pas s’inquiéter de ce qu’elle verrait.
Au retour aux Tuileries, Marie Antoinette donne l’ordre, au commandant de bataillon, pour la sortie du lendemain. La marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, en fait de même pour M. le Dauphin.
La Reine avait, depuis quelques temps, engagé la comtesse d’Ossun, sa dame d’atours, à rester à Versailles, et à ne pas faire son service auprès d’elle. Elle lui écrit, au soir de cette journée, le billet suivant, pour lui être porté le mardi matin
« Tous les devoirs réunis m’ont empêché, Madame, de vous avertir de notre départ. J’ai pourtant risqué de vous engager à faire une course, ne fusse que pour vous savoir hors d’ici. J’ai bien peu de moment à moi et beaucoup d’affaires. Je me borne donc à vous assurer de mon éternelle et inviolable amitié. Dieu veuille que nous puissions être promptement réunis. Je vous embrasse. »
Comme de coutume, Monsieur et Madame se rendent aux Tuileries pour y souper. Avant de passer à table, Monsieur s’entretient avec Mme Elisabeth. Tous soupent et restent ensemble jusqu’à 23 heures. Ce repas sera le dernier qu’ils prendront tous ensemble. Au moment de se séparer, Louis XVI dit, à son frère, qu’il allait à Montmédy, et lui ordonne de se rendre, à Longwy, par les Pays Bas Autrichiens. Ils s’embrassent, se séparent très persuadés, qu’avant 4 jours, ils se retrouveraient en lieu sûr.
Entre 20 heures et 21 heures, MM de Malden et de Valory se rendent aux Tuileries par la galerie du Louvre qui prolonge le quai. Le comte de Valory pénètre, pour s’entretenir avec Marie Antoinette, par les couloirs qui conduisent chez M. le Dauphin, et s’arrête à une petite porte dérobée qui menait aux appartements de la Reine. Il devait frapper trois petits coups dans ses mains. C’est le signal pour qu’on lui ouvre la porte. M. de Moustier, de son côté, emprunte le petit es calier qui aboutit chez le premier valet de chambre du Roi. Louis XVI l’attendait à la première porte pour que la sentinelle n’occasionne pas d’obstacle à son introduction ; il lui ouvre la porte lui-même au premier bruit, puis le prend par la main et lui ordonne de la suivre chez la Reine où sont déjà ses deux camarades. Louis XVI leur parle en ces termes : « Vous êtes témoins de la malheureuse position où nous sommes réduits ; assurés de votre fidélité, nous vous avons choisi pour nous en tirer ; notre sort est entre vos mains. Chargez-vous de nous sortir d’ici, où nous avons tout à craindre. » ; il leur dit aussi qu’il était inutile qu’ils apportent des armes, elles leur seraient fournies. (Aucune arme ne sera mise dans la voiture, les trois gardes du corps n’auront que des couteaux).
Louis XVI et Marie Antoinette conviennent, avec eux, de changer leurs noms pendant la route : Malden sera Jean, Valory sera François et Moustier Melchior. Ensuite, on s’occupe d’activer les dispositions pour le départ.
M. de Valory est expédié au duc de Choiseul, qui est à Bondy, pour lui porter les ordres relatifs aux détachements et aux relais. Le duc de Choiseul était prévenu que la Famille Royale sortirait de Paris, et il devait en transmettre, immédiatement, la nouvelle à M. de Goguelas, qui se trouvait à la tête de la colonne des troupes placées au pont de Sommevel, et était chargé d’en donner avis, à son tour, au comte de Louis de Bouillé, stationné à Varennes, qui devait aussi transmettre, la nouvelle, à son père le marquis de Bouillé qui était à la tête du régiment Royal Allemand.
Quant à M. de Moustier, il est chargé de deux sacs de nuit : l’un appartenant au Roi et l’autre à M. le Dauphin. Il avait injonction de descendre le grand escalier et de se réunir à Valory, sous la voûte qui conduit au quai du Pont Royal. Ils avaient le mot d’ordre pour se faire reconnaître du comte de Fersen, qui les attendait sur le quai du pont du côté du château. Aussitôt la jonction faite, ils prennent un fiacre pour se rendre à l’hôtel du comte de Fersen où M. de Valory monte à cheval qui lui avait été préparé pour se rendre à Bondy. M. de Moustier, ayant trouvé un postillon et quatre chevaux, ils vont dans un autre hôtel où les chevaux font attelés à la voiture de route où elle va vers la porte Saint-Martin.
M. Malden est resté, aux Tuileries, pour accompagner la Famille Royale.
A 21 heures, M. le Dauphin se couche. Madame Royale se couche à 22 heures.
A 22 heures, Marie Antoinette quitte le salon et gagne le premier étage où elle ordonne à la femme de chambre de lever sa fille et de la revêtir d’une robe d’indienne brune. Elle informe, à ce moment-là, Mme Brunier, première femme de chambre de sa fille, qu’elle serait du voyage. Puis, vers 23 heures, elle se dirige vers la chambre de son fils qui est déjà réveillé. « On va dans une place de guerre » lui dit la Reine. A cette réponse, Louis Charles demande à ce que l’on amène ses bottes et son épée mais c’est une robe à l’indienne et un bonnet qui lui sont amenés. Durant le voyage, Louis Charles sera Aglaé et sa sœur Amélie. Marie Antoinette informe aussi, Mme de Neuville, première femme de chambre de son fils, qu’elle sera du voyage. Madame Royale porte une robe de toile peinte fon « merde d’oie », fond bleu et blanc à feuillage vert et jaune.Avec sa sœur, il est emmené à l’entresol de la Reine par Mme de Neuville et Mme Brunier où se trouve la marquise de Tourzel. En sortant du cabinet de la Reine, ils prennent un corridor pour se rendre dans l’appartement vacant du duc de Villequier. Marie Antoinette s’est procuré la clé de cette porte. La porte étant longue à ouvrir, Mme de Neuville s’accroupit pour permettre à M. le Dauphin endormi d’y poser sa tête. La chambre de Mme de Rochereuil communique, par un corridor, avec l’appartement du duc de Villequier, premier gentilhomme de la chambre, qui vient d’émigrer. Il y a beaucoup de sentinelles dans les cours, mais la porte de l’appartement du duc de Villequier, qui donne sur les cours, n’a pas de sentinelles.
La marquise de Tourzel et les enfants quittent le château, par l’appartement vacant du duc de Villequier, passent par la cour des suisses puis la cour royale et enfin par la cour des princes pour prendre un fiacre, qui se trouve à proximité, où les attend le comte de Fersen déguisé en cocher. Les sentinelles sont accoutumées à voir beaucoup de monde, dans les cours, vers 23 heures-minuit, du fait de la fin du service au château. La marquise de Tourzel est munie d’un billet signé de la main du Roi, pour prouver qu’en cas d’accident, que c’est par ses ordres qu’elle emmène M. le Dauphin et Madame Royale.
Marie Antoinette accompagne ses enfants jusqu’à la cour des princes, surveille le départ de ses enfants puis retourne au château. Dans la cour des Princes, stationne un grand fiacre, où sur le siège se trouve le comte de Fersen déguisé en cocher. Le fiacre quitte la cour pour aller, par la rue Saint-Honoré, au petit carrousel, vis-à-vis de la maison appelée « Hôtel Guaillarbois », près de la rue de l’Echelle et de la rue Saint-Nicaise. C’est à cet endroit que Louis XVI, Marie Antoinette et Mme Elisabeth doivent rejoindre, à pied et séparément, le fiacre.
Mme de Neuville et Mme Brunier partent sur le champ dans une voiture spéciale, et rejoindront la Famille Royale à Bondy.
Puis arrive Mme Elisabeth qui en montant dans la voiture marche par mégarde sur M. le Dauphin. Mme Elisabeth a quitté, de son côté, son appartement situé au premier étage du Pavillon de Flore. Elle est accompagnée, jusqu’au fiacre, par M. de Valory.
Monsieur et Madame quitte les Tuileries à 23 heures. C’est la dernière fois que Louis XVI, Marie Antoinette, Monsieur, Madame, Mme Elisabeth se voient, ainsi que M. le Dauphin et Madame Royale.
Vers 23 heures, Louis XVI se rend dans la Chambre de parade où l’attendent M. Bailly et le marquis de La Fayette pour le cérémonial immuable du coucher. Louis XVI remet son épée et son chapeau. Comme de coutume, il engage la conversation avec les présents mais ce soir, il n’est pas dans cette dernière. Il se dirige régulièrement vers la fenêtre comme il le faisait la veille d’une chasse. Puis, il passe derrière la balustrade, se met à genoux pour prier, enlève son habit et s’assoit dans un fauteuil. Les présents quittent la Chambre du Roi après que le valet de chambre prononce la formule traditionnelle : « Passez messieurs ». Deux garçons retirent les chaussures du Roi et les laissent tomber bruyamment sur le sol. En quittant la chambre, les présents saluent respectueusement le Roi en s’inclinant. Les ordres sont donnés pour le lendemain. On ferme les portes à clé, et on éteint les lumières.
A 23 h 30, M. de Valory se rend chez la Reine ; M. de Moustier et M. de Malden chez le Roi. Ces derniers y parviennent par le grand escalier du château, en prenant la porte de gauche.
Louis XVI reste seul avec son valet de chambre Lemoine et le garçon de chambre Hubert. A cet instant, il gagne sa chambre à coucher accompagné par les deux serviteurs. Une fois couché, Louis XVI passe à son bras droit le cordon qui le lie à Lemoine qui prend place sur un lit de camp. Lemoine tire les rideaux du lit, et se retire dans la garde-robe pour se déshabiller puis regagne son lit de camp. Louis XVI profite de ce temps pour sortir de son lit et gagne l’appartement de la Reine au rez de chaussée. Il y retrouve M. Malden, garde du corps chargé de l’accompagner. Il y trouve aussi les vêtements qu’il doit mettre : une redingote verte-foncée avec des boutons de nacre de perles, une veste de satin blanc brodée, une culotte de drap de soie noir, un gilet brun, des bas de soie blanc et chapeau rond. Il a des souliers à boucees d’argent ovales, et ses cheveux sont enfermés dans une bourse de taffetas. Après s’être vêtu, Louis XVI sort, accompagne de M. Malden, par la grande porte du pavillon de l’Horloge. Depuis plusieurs semaines, Louis XVI a demandé au chevalier de Coigny de faire le même trajet. Le chevalier de Coigny avait la même tournure que celle du Roi, et a la même démarche, ce qui avait provoqué une habitude vis-à-vis des factionnaires. De fait, le chevalier de Coigny avait été mis dans la confidence de prochain départ.
Sur la place du Carrousel, Louis XVI perd une boucle de ses souliers que M. de Valory ramasse.
Il se rend, à pied, au petit carrousel où vient de stationner le fiacre où se trouvent déjà ses enfants et la marquise de Tourzel.
Dans le même temps, Marie Antoinette a gagné aussi sa chambre où elle donne ses ordres pour la promenade du lendemain. Ses femmes de chambre la déshabillent et la couchent tandis que les valets de chambre ferment les volets intérieurs. Une fois, tout le personnel de service partit, elle se relève et gagne une pièce intérieure de son appartement pour revêtir une robe grise en forme de tunique, un manteau noir et un chapeau noir à la chinoise garni d’une longue dentelle servant de voile. Puis, elle passe par l’appartement vide du duc de Villequier qui donne sur les cours. Comme le Roi, elle est accompagnée d’un garde du corps : il s’agit de M. de Moustier. Pour éviter des groupes trop importants, il a été prévu trois voyages consécutifs du château jusqu’à la place du Carrousel où la Famille Royale est réunie dans une remise où le comte de Fersen les attendait. Mais ce dernier, connaissant mal les rues, va s’égarer ce qui va retarder le départ de Paris. Ils rejoignent avec plusieurs minutes de retard, dans une voiture stationnée à proximité des Tuileries, sur la place du Carrousel et du coin de la rue Saint-Nicaise, Louis XVI, Louis Charles, Madame Royale, Mme Elisabeth, la marquise de Tourzel et le comte de Fersen.
Tout étant prêt, le comte de Fersen conduit lui-même la voiture comme un coche. M. de Malden se tient derrière lui. Ils vont à la porte Saint-Martin où l’on fait, pour détourner les soupçons, verser la voiture et abattre les chevaux, de manière à embarrasser longtemps pour les relever.
La Famille Royale monte dans la voiture de route qui avait été amené par M. de Moustier.
Louis XVI, afin d’éviter tout espèce de retard dans son voyage, a fait placer, dans la voiture, du pain, du vin, un morceau de veau froid, qu’ils mangeront sans assiettes ni fourchettes, sur le pain, comme le font les chasseurs ou les voyageurs. Une bouteille de champagne non mousseux et 6 bouteilles d’eau sont leurs seules boissons. Il n’y a eu aucun autre supplément jusqu’à Varennes.
Durant ce voyage, chacun aura un rôle et nom :
A 10 heures, M. le Dauphin se rend dans son jardin.
A 11 heures, la Reine et les personnes de sa suite se rendent à la messe. En sortant de la chapelle, elle ordonne que l’on prépare sa voiture pour 17 heures.
Après le dîner, M. le dauphin et Madame Royale sont envoyés dans leurs chambres respectives. Pendant ce temps, Louis XVI et Marie Antoinette s’enferment à Mme Elisabeth, pour lui annoncer le projet de départ.
A 17 heures, Marie Antoinette va se promener avec ses enfants, accompagnés de Mme de Maillé, dame du Palais, et de Mme de Soucy, sous-gouvernante de M. le Dauphin, à Tivoli, chez M. Boutin, au bout de la Chaussée d’Antin. Pendant la promenade, Marie Antoinette prend à part sa fille, et lui dit de ne pas s’inquiéter par ce qui va se passer. Ils rentrent, aux Tuileries, à 19 heures.
Pendant cette promenade, Marie Antoinette a pris sa fille à part, pour lui dire qu’elle ne devait pas s’inquiéter de ce qu’elle verrait.
Au retour aux Tuileries, Marie Antoinette donne l’ordre, au commandant de bataillon, pour la sortie du lendemain. La marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, en fait de même pour M. le Dauphin.
La Reine avait, depuis quelques temps, engagé la comtesse d’Ossun, sa dame d’atours, à rester à Versailles, et à ne pas faire son service auprès d’elle. Elle lui écrit, au soir de cette journée, le billet suivant, pour lui être porté le mardi matin
« Tous les devoirs réunis m’ont empêché, Madame, de vous avertir de notre départ. J’ai pourtant risqué de vous engager à faire une course, ne fusse que pour vous savoir hors d’ici. J’ai bien peu de moment à moi et beaucoup d’affaires. Je me borne donc à vous assurer de mon éternelle et inviolable amitié. Dieu veuille que nous puissions être promptement réunis. Je vous embrasse. »
Comme de coutume, Monsieur et Madame se rendent aux Tuileries pour y souper. Avant de passer à table, Monsieur s’entretient avec Mme Elisabeth. Tous soupent et restent ensemble jusqu’à 23 heures. Ce repas sera le dernier qu’ils prendront tous ensemble. Au moment de se séparer, Louis XVI dit, à son frère, qu’il allait à Montmédy, et lui ordonne de se rendre, à Longwy, par les Pays Bas Autrichiens. Ils s’embrassent, se séparent très persuadés, qu’avant 4 jours, ils se retrouveraient en lieu sûr.
Entre 20 heures et 21 heures, MM de Malden et de Valory se rendent aux Tuileries par la galerie du Louvre qui prolonge le quai. Le comte de Valory pénètre, pour s’entretenir avec Marie Antoinette, par les couloirs qui conduisent chez M. le Dauphin, et s’arrête à une petite porte dérobée qui menait aux appartements de la Reine. Il devait frapper trois petits coups dans ses mains. C’est le signal pour qu’on lui ouvre la porte. M. de Moustier, de son côté, emprunte le petit es calier qui aboutit chez le premier valet de chambre du Roi. Louis XVI l’attendait à la première porte pour que la sentinelle n’occasionne pas d’obstacle à son introduction ; il lui ouvre la porte lui-même au premier bruit, puis le prend par la main et lui ordonne de la suivre chez la Reine où sont déjà ses deux camarades. Louis XVI leur parle en ces termes : « Vous êtes témoins de la malheureuse position où nous sommes réduits ; assurés de votre fidélité, nous vous avons choisi pour nous en tirer ; notre sort est entre vos mains. Chargez-vous de nous sortir d’ici, où nous avons tout à craindre. » ; il leur dit aussi qu’il était inutile qu’ils apportent des armes, elles leur seraient fournies. (Aucune arme ne sera mise dans la voiture, les trois gardes du corps n’auront que des couteaux).
Louis XVI et Marie Antoinette conviennent, avec eux, de changer leurs noms pendant la route : Malden sera Jean, Valory sera François et Moustier Melchior. Ensuite, on s’occupe d’activer les dispositions pour le départ.
M. de Valory est expédié au duc de Choiseul, qui est à Bondy, pour lui porter les ordres relatifs aux détachements et aux relais. Le duc de Choiseul était prévenu que la Famille Royale sortirait de Paris, et il devait en transmettre, immédiatement, la nouvelle à M. de Goguelas, qui se trouvait à la tête de la colonne des troupes placées au pont de Sommevel, et était chargé d’en donner avis, à son tour, au comte de Louis de Bouillé, stationné à Varennes, qui devait aussi transmettre, la nouvelle, à son père le marquis de Bouillé qui était à la tête du régiment Royal Allemand.
Quant à M. de Moustier, il est chargé de deux sacs de nuit : l’un appartenant au Roi et l’autre à M. le Dauphin. Il avait injonction de descendre le grand escalier et de se réunir à Valory, sous la voûte qui conduit au quai du Pont Royal. Ils avaient le mot d’ordre pour se faire reconnaître du comte de Fersen, qui les attendait sur le quai du pont du côté du château. Aussitôt la jonction faite, ils prennent un fiacre pour se rendre à l’hôtel du comte de Fersen où M. de Valory monte à cheval qui lui avait été préparé pour se rendre à Bondy. M. de Moustier, ayant trouvé un postillon et quatre chevaux, ils vont dans un autre hôtel où les chevaux font attelés à la voiture de route où elle va vers la porte Saint-Martin.
M. Malden est resté, aux Tuileries, pour accompagner la Famille Royale.
A 21 heures, M. le Dauphin se couche. Madame Royale se couche à 22 heures.
A 22 heures, Marie Antoinette quitte le salon et gagne le premier étage où elle ordonne à la femme de chambre de lever sa fille et de la revêtir d’une robe d’indienne brune. Elle informe, à ce moment-là, Mme Brunier, première femme de chambre de sa fille, qu’elle serait du voyage. Puis, vers 23 heures, elle se dirige vers la chambre de son fils qui est déjà réveillé. « On va dans une place de guerre » lui dit la Reine. A cette réponse, Louis Charles demande à ce que l’on amène ses bottes et son épée mais c’est une robe à l’indienne et un bonnet qui lui sont amenés. Durant le voyage, Louis Charles sera Aglaé et sa sœur Amélie. Marie Antoinette informe aussi, Mme de Neuville, première femme de chambre de son fils, qu’elle sera du voyage. Madame Royale porte une robe de toile peinte fon « merde d’oie », fond bleu et blanc à feuillage vert et jaune.Avec sa sœur, il est emmené à l’entresol de la Reine par Mme de Neuville et Mme Brunier où se trouve la marquise de Tourzel. En sortant du cabinet de la Reine, ils prennent un corridor pour se rendre dans l’appartement vacant du duc de Villequier. Marie Antoinette s’est procuré la clé de cette porte. La porte étant longue à ouvrir, Mme de Neuville s’accroupit pour permettre à M. le Dauphin endormi d’y poser sa tête. La chambre de Mme de Rochereuil communique, par un corridor, avec l’appartement du duc de Villequier, premier gentilhomme de la chambre, qui vient d’émigrer. Il y a beaucoup de sentinelles dans les cours, mais la porte de l’appartement du duc de Villequier, qui donne sur les cours, n’a pas de sentinelles.
La marquise de Tourzel et les enfants quittent le château, par l’appartement vacant du duc de Villequier, passent par la cour des suisses puis la cour royale et enfin par la cour des princes pour prendre un fiacre, qui se trouve à proximité, où les attend le comte de Fersen déguisé en cocher. Les sentinelles sont accoutumées à voir beaucoup de monde, dans les cours, vers 23 heures-minuit, du fait de la fin du service au château. La marquise de Tourzel est munie d’un billet signé de la main du Roi, pour prouver qu’en cas d’accident, que c’est par ses ordres qu’elle emmène M. le Dauphin et Madame Royale.
Marie Antoinette accompagne ses enfants jusqu’à la cour des princes, surveille le départ de ses enfants puis retourne au château. Dans la cour des Princes, stationne un grand fiacre, où sur le siège se trouve le comte de Fersen déguisé en cocher. Le fiacre quitte la cour pour aller, par la rue Saint-Honoré, au petit carrousel, vis-à-vis de la maison appelée « Hôtel Guaillarbois », près de la rue de l’Echelle et de la rue Saint-Nicaise. C’est à cet endroit que Louis XVI, Marie Antoinette et Mme Elisabeth doivent rejoindre, à pied et séparément, le fiacre.
Mme de Neuville et Mme Brunier partent sur le champ dans une voiture spéciale, et rejoindront la Famille Royale à Bondy.
Puis arrive Mme Elisabeth qui en montant dans la voiture marche par mégarde sur M. le Dauphin. Mme Elisabeth a quitté, de son côté, son appartement situé au premier étage du Pavillon de Flore. Elle est accompagnée, jusqu’au fiacre, par M. de Valory.
Monsieur et Madame quitte les Tuileries à 23 heures. C’est la dernière fois que Louis XVI, Marie Antoinette, Monsieur, Madame, Mme Elisabeth se voient, ainsi que M. le Dauphin et Madame Royale.
Vers 23 heures, Louis XVI se rend dans la Chambre de parade où l’attendent M. Bailly et le marquis de La Fayette pour le cérémonial immuable du coucher. Louis XVI remet son épée et son chapeau. Comme de coutume, il engage la conversation avec les présents mais ce soir, il n’est pas dans cette dernière. Il se dirige régulièrement vers la fenêtre comme il le faisait la veille d’une chasse. Puis, il passe derrière la balustrade, se met à genoux pour prier, enlève son habit et s’assoit dans un fauteuil. Les présents quittent la Chambre du Roi après que le valet de chambre prononce la formule traditionnelle : « Passez messieurs ». Deux garçons retirent les chaussures du Roi et les laissent tomber bruyamment sur le sol. En quittant la chambre, les présents saluent respectueusement le Roi en s’inclinant. Les ordres sont donnés pour le lendemain. On ferme les portes à clé, et on éteint les lumières.
A 23 h 30, M. de Valory se rend chez la Reine ; M. de Moustier et M. de Malden chez le Roi. Ces derniers y parviennent par le grand escalier du château, en prenant la porte de gauche.
Louis XVI reste seul avec son valet de chambre Lemoine et le garçon de chambre Hubert. A cet instant, il gagne sa chambre à coucher accompagné par les deux serviteurs. Une fois couché, Louis XVI passe à son bras droit le cordon qui le lie à Lemoine qui prend place sur un lit de camp. Lemoine tire les rideaux du lit, et se retire dans la garde-robe pour se déshabiller puis regagne son lit de camp. Louis XVI profite de ce temps pour sortir de son lit et gagne l’appartement de la Reine au rez de chaussée. Il y retrouve M. Malden, garde du corps chargé de l’accompagner. Il y trouve aussi les vêtements qu’il doit mettre : une redingote verte-foncée avec des boutons de nacre de perles, une veste de satin blanc brodée, une culotte de drap de soie noir, un gilet brun, des bas de soie blanc et chapeau rond. Il a des souliers à boucees d’argent ovales, et ses cheveux sont enfermés dans une bourse de taffetas. Après s’être vêtu, Louis XVI sort, accompagne de M. Malden, par la grande porte du pavillon de l’Horloge. Depuis plusieurs semaines, Louis XVI a demandé au chevalier de Coigny de faire le même trajet. Le chevalier de Coigny avait la même tournure que celle du Roi, et a la même démarche, ce qui avait provoqué une habitude vis-à-vis des factionnaires. De fait, le chevalier de Coigny avait été mis dans la confidence de prochain départ.
Sur la place du Carrousel, Louis XVI perd une boucle de ses souliers que M. de Valory ramasse.
Il se rend, à pied, au petit carrousel où vient de stationner le fiacre où se trouvent déjà ses enfants et la marquise de Tourzel.
Dans le même temps, Marie Antoinette a gagné aussi sa chambre où elle donne ses ordres pour la promenade du lendemain. Ses femmes de chambre la déshabillent et la couchent tandis que les valets de chambre ferment les volets intérieurs. Une fois, tout le personnel de service partit, elle se relève et gagne une pièce intérieure de son appartement pour revêtir une robe grise en forme de tunique, un manteau noir et un chapeau noir à la chinoise garni d’une longue dentelle servant de voile. Puis, elle passe par l’appartement vide du duc de Villequier qui donne sur les cours. Comme le Roi, elle est accompagnée d’un garde du corps : il s’agit de M. de Moustier. Pour éviter des groupes trop importants, il a été prévu trois voyages consécutifs du château jusqu’à la place du Carrousel où la Famille Royale est réunie dans une remise où le comte de Fersen les attendait. Mais ce dernier, connaissant mal les rues, va s’égarer ce qui va retarder le départ de Paris. Ils rejoignent avec plusieurs minutes de retard, dans une voiture stationnée à proximité des Tuileries, sur la place du Carrousel et du coin de la rue Saint-Nicaise, Louis XVI, Louis Charles, Madame Royale, Mme Elisabeth, la marquise de Tourzel et le comte de Fersen.
Tout étant prêt, le comte de Fersen conduit lui-même la voiture comme un coche. M. de Malden se tient derrière lui. Ils vont à la porte Saint-Martin où l’on fait, pour détourner les soupçons, verser la voiture et abattre les chevaux, de manière à embarrasser longtemps pour les relever.
La Famille Royale monte dans la voiture de route qui avait été amené par M. de Moustier.
Louis XVI, afin d’éviter tout espèce de retard dans son voyage, a fait placer, dans la voiture, du pain, du vin, un morceau de veau froid, qu’ils mangeront sans assiettes ni fourchettes, sur le pain, comme le font les chasseurs ou les voyageurs. Une bouteille de champagne non mousseux et 6 bouteilles d’eau sont leurs seules boissons. Il n’y a eu aucun autre supplément jusqu’à Varennes.
Durant ce voyage, chacun aura un rôle et nom :
- La marquise de Tourzel : Mme de Korff,
- Madame Royale : sa fille Amélie,
- M. le Dauphin : sa seconde fille Aglaé,
- Marie Antoinette : Mme Rochet, la gouvernante des enfants,
- Louis XVI : M. Durand, l’intendant,
- M. de Malden : M. de Saint-Jean, domestique
- M. de Moustier : M. Melchior, domestique
- M. de Valory : M. François, domestique
Mardi 21 juin 1791
Ils partent, de la porte Saint-Martin, vers 1 heure. M. de Valory devançait la voiture pour préparer les relais ; M. de Malden allait, derrière la voiture, à cheval et M. de Moustier à côté du comte de Fersen.
Le marquis de Bouillé annonce aux officiers généraux qui étaient sous ses ordres que le Roi passerait dans la nuit à la porte de Stenay, et qu’il serait à la pointe du jour à Montmédy.
Il se tient entre Dun et Stenay, pour y attendre le Roi avec un relais de chevaux, et un détachement du Royal-Allemand qui devait l’escorter à Montmédy.
Il fait envoyer, à Varennes, le chevalier de Bouillé, son second fils, et le comte de Raigecourt, pour attendre le courrier du Roi et diriger le relais de manière à accélérer le passage du Roi.
Il se tient entre Dun et Stenay, pour y attendre le Roi avec un relais de chevaux, et un détachement du Royal-Allemand qui devait l’escorter à Montmédy.
Il fait envoyer, à Varennes, le chevalier de Bouillé, son second fils, et le comte de Raigecourt, pour attendre le courrier du Roi et diriger le relais de manière à accélérer le passage du Roi.
Entre 7 et 8 heures, à son habitude, le médecin de M. le Dauphin entre dans l’appartement de ce dernier, mais trouve la chambre vide. Il se rend, ensuite, dans celle de Mme Royale car il pense qu’il s’y trouve, mais là aussi la chambre est vide.
Puis, on se rend chez le Roi, chez la Reine et chez Mme Elisabeth : tous les appartements sont vides. On se regarde avec stupeur : la Famille Royale s’est évadée.
On avertit le marquis de La Fayette qui se rend, immédiatement, au château des Tuileries pour faire le constat, puis se rend à l’Assemblée nationale.
Puis, on se rend chez le Roi, chez la Reine et chez Mme Elisabeth : tous les appartements sont vides. On se regarde avec stupeur : la Famille Royale s’est évadée.
On avertit le marquis de La Fayette qui se rend, immédiatement, au château des Tuileries pour faire le constat, puis se rend à l’Assemblée nationale.
Le marquis de Dreux-Brézé, Grand Maître des Cérémonies, apprend, au matin, la fuite du Roi. Il part aussitôt, pour La Lucazière, avec son épouse.
Mercredi 22 juin 1791
La comtesse de Genlis, Mademoiselle et le duc de Montpensier sont arrêtés, à Courbevoie, par la garde nationale qui les relâchent que le lendemain à 5 heures.
Vendredi 24 juin 1791
La comtesse d’Ossun, dame d’atours de la Reine est arrêtée par le tribunal du district, sur dénonciation du corps administratif de Versailles, puis empêché de partir. Néanmoins, elle prouve qu’elle n’était pas au courant du départ de la Reine, en produisant la lettre que celle-ci lui a écrite :
« Ce lundi 20 juin. Tous les devoirs réunis m’ont empêché, Madame, de vous avertir de notre départ. J’ai pourtant risque de vous engager à faire une course, ne fût-ce que pour vous savoir hors d’ici. J’ai bien peu de moments à moi, et beaucoup d’affaires. Je me borne à vous assurer de mon éternelle et inviolable amitié. Dieu veuille que nous puissions être promptement réunies ! je vous embrasse… »
« Ce lundi 20 juin. Tous les devoirs réunis m’ont empêché, Madame, de vous avertir de notre départ. J’ai pourtant risque de vous engager à faire une course, ne fût-ce que pour vous savoir hors d’ici. J’ai bien peu de moments à moi, et beaucoup d’affaires. Je me borne à vous assurer de mon éternelle et inviolable amitié. Dieu veuille que nous puissions être promptement réunies ! je vous embrasse… »
Samedi 25 juin 1791
M. Thierry de Ville d’Avray, revenant de la campagne, se rend aux ordres des commissaires chargés de l’examen des diamants de la Couronne. Il réponde de tout.
La berline, contenant la Famille Royale, arrive, à la barrière de l’étoile, vers 18 heures. Après avoir traversé Paris et le jardin des Tuileries, la berline se stationne au pied du pavillon de l’Horloge. Louis XVI, Marie Antoinette et la Famille Royale arrivent, au château des Tuileries, vers 19h30.
Les trois gardes du corps du Roi ont voyagé sur le siège de la berline, et sont les premiers à descendre devant une foule menaçante. Dès qu’ils ont le pied à terre, ils sont saisis, pris par les cheveux, trainés… mais des gardes nationaux viennent les arracher aux mains de la foule, et les conduisent à l’intérieur du château.
M. de Malden arrive, au château, couvert de sang qui coulait de deux coups de baïonnette qu’il avait reçu derrière la tête. M. de Valory est terrassé à coups de crosse de fusils dans les reins, puis trainé par les cheveux ; sa tête à des contusions et la peau en était déchirée à plusieurs endroits. M. de Moustier, quant à lui, a les cheveux arrachés, la tête meurtrie, la bouche ensanglantée, quatre dents cassées, la poitrine meurtrie et intérieurement offensée.
Pendant ce temps, le Roi et sa famille sont restés à l’intérieur de la berline sans bouger.
L’espace, à parcourir entre la berline et la porte du pavillon de l’Horloge, est distant de trois marchent et de quelques pas.
Louis XVI est le premier à sortir de la berline. La foule est silencieuse, et reste couverte sauf M. de Guilherny, député, qui se découvre respectueusement. On entend « Remettez le chapeau ». Alors, il le jette au loin.
Suit Marie Antoinette. Sur son passage, des murmures se font entendre. Des députés sont présents sur la terrasse, malgré que l’Assemblée nationale soit en séance, et n’a pas voulu interrompre ces travaux pour le retour du Roi. Le duc d’Aiguillon et le vicomte de Noailles offrent leurs bras à Marie Antoinette.
M. Hue, valet de chambre de M. le Dauphin, s’approche de la berline pour le recevoir. En le voyant, M. le Dauphin lui tend les bras mais c’est un officier des gardes nationaux qui le reçoit, l’emporte à l’intérieur du château, et le dépose sur la table de la salle du Conseil, au premier étage du château.
Pendant ce temps, Marie Antoinette a une grande inquiétude sur le sort de son fils. Elle entre dans le château, en même temps que Louis XVI, Madame Royale et Mme Elisabeth. Tous montent au premier étage. Dans un des salons se trouvent les trois gardes du corps qui sont pansés.
Dès que Louis XVI entre dans ses appartements, l’immuable Etiquette reprend ses droits : le service se fait comme à l’ordinaire.
Arrivé dans les appartements, M. le Dauphin est déposé sur une table.
En traversant, pour se rendre aux appartements, la salle où étaient les trois gardes du corps gardés à vue, Louis XVI, Marie Antoinette, Mme Elisabeth et les Enfants Royaux leur adressent des signes d’attendrissement et de bonté en témoignage de la joie de les voir vivants.
Les chirurgiens du Roi sont mandés, et ils reçoivent ordre de les visiter sur le champ, ainsi que d’appliquer des appareils à leurs blessures. Ils sont pansés avec une attention extrême. Pendant le reste de la journée, de fréquents messages leur sont adressés de la part de la Famille Royale, afin de s’informer de leur état de santé.
La séparation provisoire du Roi, de la Reine et de M. le Dauphin est faite peu après leur arrivée. Marie Antoinette s’est trouvée mal quand M. le Dauphin est éloigné.
On dit aux trois gardes du corps qu’on allait les transférer à la prison de l’Abbaye. Dans la salle où ils étaient, il y avait leurs camarades, qui marquaient leur étonnement de ce que trois personnes avaient pu enlever le Roi et la Famille Royale d’au milieu d’eux, sans qu’ils s’en soient aperçus.
Louis XVI et Marie Antoinette, inquiets pour leurs santés, leur envoient, à l’Abbaye, le docteur Brunier, médecin des Enfants de France. Il avait été résolu de les envoyer à Orléans où siège la Haute Cour. Le docteur Brunier atteste que M. de Moustier était hors d’état d’y être transporté.
Mme Brunier et Mme de Neuville sont aussi envoyées à l’Abbaye.
Investi par l’Assemblée nationale du gouvernement du château des Tuileries et de la garde spéciale du Roi et de la Famille Royale, le marquis de La Fayette choisit, dans la milice parisienne, 36 officiers, qui lui sont dévoués, et qui doivent se relever, par tiers, de 24 heures en 24 heures, dans l’intérieur des appartements. Ne sont pas inclus dans ce dispositif Madame Elisabeth et Madame Royale. Néanmoins, Madame Elisabeth ne profitera pas de cette liberté ; elle refuse de sortir.
Deux officiers s’installent, immédiatement, dans la chambre de M. le Dauphin. La marquise de Tourzel, prévoyant d’être arrêtée, et voulant épargner la situation à M. le Dauphin, s’installe dans une pièce voisine où il couche. Elle fait demander, par M. Hue, à Mme Elisabeth, un livre qu’elle avait promis de lui prêter. Il s’agit des « Pensées sur la mort ». Quelques instants après son installation, deux officiers se présentent pour exécuter l’ordre de la garde à vue dans cette pièce. Ces deux officiers, M. Bance et M. du Fays, lui témoignent du respect.
Marie Antoinette prie la duchesse de Luynes d’employer tous les moyens auprès des personnes qu’elle connaît à l’Assemblée nationale pour que la marquise de Tourzel reste aux Tuileries, et ne soit pas envoyée à l’Abbaye. On invoque sa mauvaise santé.
Louis XVI et Marie Antoinette soupent ensemble.
L’Etiquette et le service reprennent comme si de rien n’était.
Les trois gardes du corps du Roi ont voyagé sur le siège de la berline, et sont les premiers à descendre devant une foule menaçante. Dès qu’ils ont le pied à terre, ils sont saisis, pris par les cheveux, trainés… mais des gardes nationaux viennent les arracher aux mains de la foule, et les conduisent à l’intérieur du château.
M. de Malden arrive, au château, couvert de sang qui coulait de deux coups de baïonnette qu’il avait reçu derrière la tête. M. de Valory est terrassé à coups de crosse de fusils dans les reins, puis trainé par les cheveux ; sa tête à des contusions et la peau en était déchirée à plusieurs endroits. M. de Moustier, quant à lui, a les cheveux arrachés, la tête meurtrie, la bouche ensanglantée, quatre dents cassées, la poitrine meurtrie et intérieurement offensée.
Pendant ce temps, le Roi et sa famille sont restés à l’intérieur de la berline sans bouger.
L’espace, à parcourir entre la berline et la porte du pavillon de l’Horloge, est distant de trois marchent et de quelques pas.
Louis XVI est le premier à sortir de la berline. La foule est silencieuse, et reste couverte sauf M. de Guilherny, député, qui se découvre respectueusement. On entend « Remettez le chapeau ». Alors, il le jette au loin.
Suit Marie Antoinette. Sur son passage, des murmures se font entendre. Des députés sont présents sur la terrasse, malgré que l’Assemblée nationale soit en séance, et n’a pas voulu interrompre ces travaux pour le retour du Roi. Le duc d’Aiguillon et le vicomte de Noailles offrent leurs bras à Marie Antoinette.
M. Hue, valet de chambre de M. le Dauphin, s’approche de la berline pour le recevoir. En le voyant, M. le Dauphin lui tend les bras mais c’est un officier des gardes nationaux qui le reçoit, l’emporte à l’intérieur du château, et le dépose sur la table de la salle du Conseil, au premier étage du château.
Pendant ce temps, Marie Antoinette a une grande inquiétude sur le sort de son fils. Elle entre dans le château, en même temps que Louis XVI, Madame Royale et Mme Elisabeth. Tous montent au premier étage. Dans un des salons se trouvent les trois gardes du corps qui sont pansés.
Dès que Louis XVI entre dans ses appartements, l’immuable Etiquette reprend ses droits : le service se fait comme à l’ordinaire.
Arrivé dans les appartements, M. le Dauphin est déposé sur une table.
En traversant, pour se rendre aux appartements, la salle où étaient les trois gardes du corps gardés à vue, Louis XVI, Marie Antoinette, Mme Elisabeth et les Enfants Royaux leur adressent des signes d’attendrissement et de bonté en témoignage de la joie de les voir vivants.
Les chirurgiens du Roi sont mandés, et ils reçoivent ordre de les visiter sur le champ, ainsi que d’appliquer des appareils à leurs blessures. Ils sont pansés avec une attention extrême. Pendant le reste de la journée, de fréquents messages leur sont adressés de la part de la Famille Royale, afin de s’informer de leur état de santé.
La séparation provisoire du Roi, de la Reine et de M. le Dauphin est faite peu après leur arrivée. Marie Antoinette s’est trouvée mal quand M. le Dauphin est éloigné.
On dit aux trois gardes du corps qu’on allait les transférer à la prison de l’Abbaye. Dans la salle où ils étaient, il y avait leurs camarades, qui marquaient leur étonnement de ce que trois personnes avaient pu enlever le Roi et la Famille Royale d’au milieu d’eux, sans qu’ils s’en soient aperçus.
Louis XVI et Marie Antoinette, inquiets pour leurs santés, leur envoient, à l’Abbaye, le docteur Brunier, médecin des Enfants de France. Il avait été résolu de les envoyer à Orléans où siège la Haute Cour. Le docteur Brunier atteste que M. de Moustier était hors d’état d’y être transporté.
Mme Brunier et Mme de Neuville sont aussi envoyées à l’Abbaye.
Investi par l’Assemblée nationale du gouvernement du château des Tuileries et de la garde spéciale du Roi et de la Famille Royale, le marquis de La Fayette choisit, dans la milice parisienne, 36 officiers, qui lui sont dévoués, et qui doivent se relever, par tiers, de 24 heures en 24 heures, dans l’intérieur des appartements. Ne sont pas inclus dans ce dispositif Madame Elisabeth et Madame Royale. Néanmoins, Madame Elisabeth ne profitera pas de cette liberté ; elle refuse de sortir.
Deux officiers s’installent, immédiatement, dans la chambre de M. le Dauphin. La marquise de Tourzel, prévoyant d’être arrêtée, et voulant épargner la situation à M. le Dauphin, s’installe dans une pièce voisine où il couche. Elle fait demander, par M. Hue, à Mme Elisabeth, un livre qu’elle avait promis de lui prêter. Il s’agit des « Pensées sur la mort ». Quelques instants après son installation, deux officiers se présentent pour exécuter l’ordre de la garde à vue dans cette pièce. Ces deux officiers, M. Bance et M. du Fays, lui témoignent du respect.
Marie Antoinette prie la duchesse de Luynes d’employer tous les moyens auprès des personnes qu’elle connaît à l’Assemblée nationale pour que la marquise de Tourzel reste aux Tuileries, et ne soit pas envoyée à l’Abbaye. On invoque sa mauvaise santé.
Louis XVI et Marie Antoinette soupent ensemble.
L’Etiquette et le service reprennent comme si de rien n’était.
Nuit du 25 au 26 juin 1791
Les deux battants de la chambre du Roi sont restés ouverts et plusieurs officiers de la garde nationale ont été de garde dans l’antichambre.
Dimanche 26 juin 1791
Au matin, la Famille Royale est à nouveau réunie. A 9 heures, le Roi va chez la Reine, puis va à la messe, accompagné comme de coutume par la Reine, M. le Dauphin et Mme Royale.
Les ministres se présentent ensemble chez le Roi au moment où toute la Famille Royale est auprès de lui. Ils lui témoignent leur sensibilité sur le danger auquel ils avaient été exposés pendant son absence. M. le Dauphin et Madame Royale montrent une affection marquée pour les peins des ministres.
On supprime la messe dans la chapelle que l’on trouve trop éloigné des appartements. Un autel est dressé dans un coin de la galerie de Diane. Cet autel porte un crucifix d’ébène et quelques vases de fleurs.
On ne dit plus de messe dans la chapelle du château. Mais, l’abbé d’Avaux, instituteur des Enfants Royaux, comme habitant du château, avait la permission de célébrer la messe uniquement le dimanche.
Pendant qu’elle sera au secret dans l’appartement de M. le Dauphin, la marquise de Tourzel pourra assister à la messe dite quotidiennement dans la galerie de Diane.
Deux officiers de la garde nationale s’installent dans la chambre de M. le Dauphin. Pour aller chez son fils, au premier étage, Marie Antoinette emprunte un escalier intérieur. Elle est accompagnée par un garde national qui annonce l’arrivée de cette dernière. Les deux officiers qui gardent à vue la marquise de Tourzel, ouvrent la porte.
On ne peut pénétrer dans le château qu’avec une carte d’entrée délivrée par M. de Gouvion, major général de la garde nationale. Les personnes, qui font le service, sont fouillées en entrant et en sortant.
Marie Antoinette écrit à la mère de M. de Valory afin de la prévenir des nouvelles mensongères qui pourraient arriver jusqu’à elle ; lui donna aussi quelque espoir que son fils lui serait conservé ; et lui faire connaître le désir de lui témoigner un jour une protection particulière.
Les ministres se présentent ensemble chez le Roi au moment où toute la Famille Royale est auprès de lui. Ils lui témoignent leur sensibilité sur le danger auquel ils avaient été exposés pendant son absence. M. le Dauphin et Madame Royale montrent une affection marquée pour les peins des ministres.
On supprime la messe dans la chapelle que l’on trouve trop éloigné des appartements. Un autel est dressé dans un coin de la galerie de Diane. Cet autel porte un crucifix d’ébène et quelques vases de fleurs.
On ne dit plus de messe dans la chapelle du château. Mais, l’abbé d’Avaux, instituteur des Enfants Royaux, comme habitant du château, avait la permission de célébrer la messe uniquement le dimanche.
Pendant qu’elle sera au secret dans l’appartement de M. le Dauphin, la marquise de Tourzel pourra assister à la messe dite quotidiennement dans la galerie de Diane.
Deux officiers de la garde nationale s’installent dans la chambre de M. le Dauphin. Pour aller chez son fils, au premier étage, Marie Antoinette emprunte un escalier intérieur. Elle est accompagnée par un garde national qui annonce l’arrivée de cette dernière. Les deux officiers qui gardent à vue la marquise de Tourzel, ouvrent la porte.
On ne peut pénétrer dans le château qu’avec une carte d’entrée délivrée par M. de Gouvion, major général de la garde nationale. Les personnes, qui font le service, sont fouillées en entrant et en sortant.
Marie Antoinette écrit à la mère de M. de Valory afin de la prévenir des nouvelles mensongères qui pourraient arriver jusqu’à elle ; lui donna aussi quelque espoir que son fils lui serait conservé ; et lui faire connaître le désir de lui témoigner un jour une protection particulière.
Après l’arrestation du Roi à Varennes, le prince de Montbarrey quitte son château de Ruffey où il y vit depuis le 19 août 1789. Il va s’installé à Neufchâtel. Puis, il engage son épouse, en octobre de la même année à le rejoindre.
Lundi 27 juin 1791
M. le Dauphin, qui avait craché un peu de sang, s’est promptement rétabli d’une indisposition qui n’est dû qu’à la fatigue du voyage.
Mardi 28 juin 1791
Louis XVI prend du petit lait.
La princesse de Tarente, la duchesse de Duras et la marquise de La Roche Aymon se rendent auprès de la Reine.
Les ministres étrangers ne sont pas reçus par le Roi comme cela se faisait, depuis l’installation de la Cour aux Tuileries, le 7 octobre 1789. Ils prient le comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, d’instruire l’Assemblée nationale qu’ils attendent des ordres de leurs cours respectives pour régler la conduite qu’ils doivent tenir dans les circonstances actuelles.
Mercredi 29 juin 1791
Toutes les fausses portes du château des Tuileries sont murées, et les voitures de place n’entrent plus dans les cours après la fin du jour.
Le jardin des Tuileries est fermé depuis quelques jours, et on n’y entre qu’avec des cartes. Le conseil général de la commune ordonne que celui du Luxembourg, qui été également fermé, soit ouvert.
Le jardin des Tuileries est fermé depuis quelques jours, et on n’y entre qu’avec des cartes. Le conseil général de la commune ordonne que celui du Luxembourg, qui été également fermé, soit ouvert.
Lettre collective de Louis XVI et de Marie Antoinette à la princesse de Lamballe
De la main du Roi « Je vous envoie un exprès, Madame ma chère cousine, pour vous rassurer à notre égard. Ce que vous marquez à la Reine sur l’état de M. de Penthièvre ne peut que nous faire de la peine. Ce sera me faire plaisir que de nous en donner souvent des nouvelles. Mais restez avec M. de Penthièvre. Louis » De la main de la Reine « J’espère, ma chère Lamballe, que vous vous rendrez à ce mot du Roi. Je vous ai dit et je vous répète que je vous aime autant de loin que de près. Pour vous il est mieux que vous soigniez cette santé ; pour moi il sera mieux de jouir de vous en bonne santé que de souffrir à vous voir souffrir. Vous voyez que c’est par égoïsme que j’agis. Nous sommes revenus assez bien portants. Le Roi est fort calme. Mes enfants n’ont pas du tout souffert. Je ne puis rien vous dire sur tout ce qui s’est passé, que vous ne sachiez entièrement par la voix publique. Adieu, mon cher cœur ; j’ai besoin de votre tendre amitié, et la mienne est à vous depuis que je vous ai vue. Dites le bien à M. de Penthièvre de se rassurer, et soignez-vous tous les deux. Je vous embrasse. Marie Antoinette. » |
A la fin juin 1791, la Reine peut voir tous les jours à volonté les dames de sa Maison. Au début, les dames doivent se faire inscrire chez le commandant du château pour y être admis. Après deux semaines, le marquis de La Fayette se détermine à donner des cartes qu’il ne signe pas car il a déjà beaucoup dépassé les ordres de l’Assemblée.
Les cartes sont de différentes couleurs. Chaque prince a la sienne, et elles sont signées de la principale personne de la Maison et du chef de la garde.
Marie Antoinette obtient que la marquise de Tourzel reste auprès de M. le Dauphin, grâce à l’influence de la duchesse de Luynes sur quelques députés de l’Assemblée nationale. Elle reste consigner dans la chambre de M. le Dauphin, sous la surveillance d’un aide de camp du marquis de La Fayette.
Les cartes sont de différentes couleurs. Chaque prince a la sienne, et elles sont signées de la principale personne de la Maison et du chef de la garde.
Marie Antoinette obtient que la marquise de Tourzel reste auprès de M. le Dauphin, grâce à l’influence de la duchesse de Luynes sur quelques députés de l’Assemblée nationale. Elle reste consigner dans la chambre de M. le Dauphin, sous la surveillance d’un aide de camp du marquis de La Fayette.
Après Varennes, le cardinal de La Rochefoucauld se montre plus assidu aux Tuileries, où sa présence est toujours bien accueillie.
Le maréchal de Laval émigre, après la fuite du Roi, et rejoint l’armée des princes.
Le comte de La Motte écrit au tribunal du 3ème arrondissement que son intention était de venir purger sa contumace.