Vie de Cour pour le mois d'avril 1791
Vendredi 1er avril 1791
Le trésorier de la Liste civile paie, 24 000 livres, à Mme de Donissan, dame d’atours de Mme Victoire, pour les dépenses de la garde-robe de cette princesse.
Samedi 2 avril 1792
A 8h30, le comte de Mirabeau est mort en son hôtel, rue de la Chaussée d’Antin.
Louis XVI et Marie Antoinette avaient séparément envoyé, pendant la maladie du comte de Mirabeau, s’informer de sa santé.
Dimanche 3 avril 1791
Le prince de Conti prête son serment civique.
Louis XVI, Marie Antoinette et toute la Famille Royale semblent fort préoccupé et fort triste.
Vendredi 15 avril 1791
Pour savoir ce qu’il doit faire pour Pâques, Louis XVI écrit à Mgr de Bonal, évêque de Clermont :
« Je viens, Monsieur l’Evêque, m’adresser à vous avec confiance, comme à une des personnes du clergé qui a montré constamment le zèle le plus éclairé pour la religion. C’est pour mes pâques que je viens vous consulter : puis-je les faire, et dois-je les faire dans la quinzaine ? Vous connaissez le malheureux cas où je me trouve par l’acceptation des décrets sur le clergé ; j’ai toujours regardé leur acceptation comme un acte forcée, n’ayant jamais hésité, pour ce qui me regarde, à rester toujours uni aux pasteurs catholiques, et étant fermement résolu, si je venais à recouvrer ma puissance, à rétablir le culte catholique. Un prêtre que j’ai vu pense que mes sentiments peuvent suffire et que je peux faires mes Pâques, mais vous êtes plus à la portée de voir ce qu’en pense l’Eglise en général et les circonstances où nous nous trouvons, si d’une part cela ne scandaliserait pas les uns, et de l’autre je vois les novateurs (raison, à la vérité, qui ne peut pas compter dans la balance) parler déjà presque avec menace. Je vous prie de voir sur cela les évêques que vous jugerez à propos et de la discrétion desquels vous serez sûr. Je désire aussi que vous me répondiez avant midi et me renvoyer ma lettre.
Louis »
« Je viens, Monsieur l’Evêque, m’adresser à vous avec confiance, comme à une des personnes du clergé qui a montré constamment le zèle le plus éclairé pour la religion. C’est pour mes pâques que je viens vous consulter : puis-je les faire, et dois-je les faire dans la quinzaine ? Vous connaissez le malheureux cas où je me trouve par l’acceptation des décrets sur le clergé ; j’ai toujours regardé leur acceptation comme un acte forcée, n’ayant jamais hésité, pour ce qui me regarde, à rester toujours uni aux pasteurs catholiques, et étant fermement résolu, si je venais à recouvrer ma puissance, à rétablir le culte catholique. Un prêtre que j’ai vu pense que mes sentiments peuvent suffire et que je peux faires mes Pâques, mais vous êtes plus à la portée de voir ce qu’en pense l’Eglise en général et les circonstances où nous nous trouvons, si d’une part cela ne scandaliserait pas les uns, et de l’autre je vois les novateurs (raison, à la vérité, qui ne peut pas compter dans la balance) parler déjà presque avec menace. Je vous prie de voir sur cela les évêques que vous jugerez à propos et de la discrétion desquels vous serez sûr. Je désire aussi que vous me répondiez avant midi et me renvoyer ma lettre.
Louis »
Samedi 16 avril 1791
Louis XVI donne ordre, au trésorier général de la Liste civile, de payer comptant à M. Du Puget, ancien lieutenant du Roi de la Bastille, la somme de 1 000 livres, qu’il lui a accordé pour gratification extraordinaire.
M. Du Puget avait été l’un des défenseurs de la forteresse, sous le marquis de Launay, le 14 juillet 1789.
M. Du Puget avait été l’un des défenseurs de la forteresse, sous le marquis de Launay, le 14 juillet 1789.
Mgr de Bonal, évêque de Clermont répond, ce jour, à la lettre du Roi qu’il avait reçu la veille : qu’il était préférable de ne pas communier puisqu’il ne pouvait se rétracter publiquement « sans de très grands inconvénients. » ; il renvoie avec sa réponse le lettre du Roi comme ce dernier l’avait demandé.
Dimanche 17 avril 1791 - Dimanche des Rameaux
Lorsqu’il est question de la messe du Roi aux Tuileries, il y a une certaine fermentation parmi les grenadiers de la garde qui veulent qu’on s’assure que les aumôniers qui doivent officier ont prêté serment à la constitution civile du Clergé. Ils voulaient empêcher tout le monde d’y aller et le prêtre d’y d’officier.
Le marquis de La Fayette leur parle et leur dit pour les calmer, qu’ils ne s’y rendent que comme affaire de service et non de culte.
Le marquis de La Fayette leur parle et leur dit pour les calmer, qu’ils ne s’y rendent que comme affaire de service et non de culte.
Louis XVI assiste à la messe, des Rameaux, célébrée par le Grand Aumônier de France.
Lundi 18 avril 1791 - Lundi des Rameaux
Louis XVI, qui relevait d’une maladie assez sérieuse, avait l’intention de se rendre à Saint-Cloud, pour y prendre une semaine de repos, et d’y faire tranquillement ses devoirs religieux. MM Bailly et de La Fayette lui en avait donné le conseil. Cela permet, aussi, à Louis XVI de constater s’il était encore libre.
A 11h30, Louis XVI se rend à la messe. M. Bailly, maire de Paris, était venu auparavant le prévenir que son départ occasionnait du mouvement, et que le peuple paraissait s’y opposer. Louis XVI lui répond qu’il avait décrété la liberté pour tout le monde d’aller où il voudrait, et qu’il serait bien extraordinaire qu’il fût le seul homme qui ne put jouir de celle d’aller à deux lieues prendre l’air, qu’il était décidé à partir.
Au sortir de la messe, à 12 heures, Louis XVI descend avec Marie Antoinette, ses enfants, Mme Elisabeth et la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France. Comme les voitures n’avaient pas pu entrer dans la cour des Princes, il se résout à aller les chercher dans le Carrousel. Il s’arrête au milieu de la cour des Princes, et Marie Antoinette lui propose de monter dans la voiture qui était entrée dans la cour, quoiqu’elle ne fût qu’une berline. Ils y montent tous les six.
Sa suite est composée du prince de Poix, capitaine des gardes du corps du Roi en quartier ; du duc de Brissac, capitaine des Cent Suisses ; du marquis de Duras et du duc de Villequier, premiers gentilshommes de la chambre du Roi ; et du marquis de Briges, écuyer.
Mais lorsque les chevaux furent à la porte, les gardes nationaux refusent de l’ouvrir et de laisser partir le Roi.
On saisit les brides des chevaux. Le maire de Paris, Bailly, et le commandant général, le marquis de La Fayette, veulent ordonner d’ouvrir le passage. Le marquis de La Fayette dit aux gardes nationaux et leur prouve qu’il n’y avait que des ennemis de la constitution qui puissent se conduire ainsi, qu’en gênant la volonté du Roi, on lui donnait l’air d’un prisonnier et qu’on annulait alors tous les décrets qu’il avait sanctionnés. On lui répond par des invectives et des assurances qu’on ne laisserait pas partir le Roi.
On sert contre Louis XVI des termes plus injurieux : qu’il était incapable de régner ; qu’il n’était qu’un fonctionnaire public ; qu’on le payait 25 millions, que c’était beaucoup trop ; qu’il fallait le déposer et y placer le duc d’Orléans ; qu’il fit ce que l’on voulait. Les mêmes propos se tiennent dans le peuple : qu’il était entouré d’aristocrates, de prêtres réfractaires, qu’il fallait les chassât…
Le marquis de La Fayette demande, au maire de Paris, de faire proclamer la loi martiale et de déployer le drapeau rouge. M. Bailly, maire de Paris, refuse.
Les détachements des grenadiers, à mesure qu’ils arrivaient, jurent que le Roi ne partirait pas. Plusieurs montrent des balles en disant qu’ils les mettraient dans leurs fusils pour tirer sur le Roi, s’il faisait le moindre mouvement pour partir.
Tous les gens de sa maison, qui s’étaient approchés de la berline, sont insultés par les soldats. Ils en arrachent le marquis de Duras et le maltraite. Louis XVI leur dit qu’il était de son service ; et ce ne fut qu’après leur avoir parlé longtemps et avoir sommé les grenadiers de le rendre. Louis XVI fait appeler deux grenadiers pour leur dire de protéger le duc de Villequier, qui y était aussi. M. de Gougenot, maître d’hôtel du Roi, s’étant approché de la portière de la Reine pour prendre ses ordres pour le dîner, et le Roi lui dit de faire revenir les premiers officiers ainsi que tout le service du château qui attendait la Cour à Saint-Cloud, en est arraché et allait être pendu si des grenadiers n’étaient pas arrivés. Ceux-ci, tout en le maltraitant et en le tiraillant, l’entrainent en lui disant tout bas : « Du moins, vous pouvez dire au Roi qu’il y a encore des braves gens qui savent sauver ceux qui lui sont attachés. » Marie Antoinette leur dit qu’il était du service du Roi ; ils lui répondent qu’ils n’avaient pas d’ordre à recevoir d’elle et qu’ils n’en recevaient que de leurs officiers.
M. Mondragon, maître d’hôtel du Roi, est aussi maltraité.
On insulte les gardes suisses qui étaient rangés en haie vis-à-vis, et les ecclésiastiques qui étaient aux fenêtres du château. On couche en joue le cardinal de Montmorency, Grand Aumônier de France, qui s’était montré à une fenêtre du château.
Le marquis de La Fayette envoya consulter le département de Paris, et le pria de publier la loi martiale : il n’y eut pas de réponse. Il demande au Roi s’il voulait qu’on emploie la force pour le faire passer et faire respecter la loi. Les soldats lui répondent qu’il n’avait aucune force pour cela ; ils avaient tous ôté leurs baïonnettes en disant qu’ils ne s’en serviraient pas contre de braves citoyens. Louis XVI refuse d’employer la force, et dit « Je ne veux pas qu’on verse de sang pour moi ; quand je serai parti, vous serez le maître d’employer tous les moyens que vous voudrez pour faire respecter la loi. »
Dans la place du Carrousel, le postillon de la voiture du Roi, qui n’avait pu entrer, fût menacé d’être massacré, s’il faisait le moindre mouvement. Le piqueur manque d’être pendu ; des grenadiers, qui étaient près de la voiture, pleuraient à chaudes larmes ; il y en eut plusieurs qui s’avancèrent et disent au Roi « Sire, vous êtes aimés, vous êtes adorés de votre peuple, mais ne partez pas ; votre vie serait en danger : on vous conseille mal, on vous égare ; on veut que vous éloigniez les prêtres, on craint de vous perdre. » Louis XVI leur impose le silence, et leur dit que c’étaient eux qui étaient égarés.
Après 2h15 d’attente et d’efforts inutiles du marquis de La Fayette, Louis XVI fait retourner la berline. Louis XVI et Marie Antoinette descendent de voiture et remontent au château sans leur suite qui est dispersée. Les soldats se pressent en foule autour. Comme ils seraient beaucoup la Famille Royale et entraient en foule dans le Vestibule. Marie Antoinette prend M. le Dauphin dans ses bras ; Mme Elisabeth se charge de Madame Royale. Elles les emmènent le plus vite qu’elles puissent. Louis XVI ralentit alors sa marche, et lorsqu’elles furent entrées dans l’appartement de la Reine, il se retourne, et dit d’une voix ferme « Halte-là, grenadiers ! » Tous s’arrêtèrent, comme si on leur avait coupé les jambes. Louis XVI y retrouve Monsieur qui a assisté cet incident depuis une fenêtre.
Il n’y avait, dans la cour des Princes, qui des gardes nationales, le peuple était dans le Carrousel et les portes étaient fermées.
Lorsque Marie Antoinette retourne à son appartement, la princesse de Chimay, sa dame d’honneur, l’accompagne, lui donne le bras et pleure. Marie Antoinette lui dit : « Ce n’est pas le moment de pleurer ; mais celui de montrer du courage, et je vais vous en donner l’exemple. »
A 20 heures, Louis XVI est averti que la garde avait décidé d’entrer la nuit dans toutes les chambres, même dans la sienne, sous prétexte de visiter s’il n’y avait pas de prêtres, mais cette résolution changea à 22 heures.
A 11h30, Louis XVI se rend à la messe. M. Bailly, maire de Paris, était venu auparavant le prévenir que son départ occasionnait du mouvement, et que le peuple paraissait s’y opposer. Louis XVI lui répond qu’il avait décrété la liberté pour tout le monde d’aller où il voudrait, et qu’il serait bien extraordinaire qu’il fût le seul homme qui ne put jouir de celle d’aller à deux lieues prendre l’air, qu’il était décidé à partir.
Au sortir de la messe, à 12 heures, Louis XVI descend avec Marie Antoinette, ses enfants, Mme Elisabeth et la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France. Comme les voitures n’avaient pas pu entrer dans la cour des Princes, il se résout à aller les chercher dans le Carrousel. Il s’arrête au milieu de la cour des Princes, et Marie Antoinette lui propose de monter dans la voiture qui était entrée dans la cour, quoiqu’elle ne fût qu’une berline. Ils y montent tous les six.
Sa suite est composée du prince de Poix, capitaine des gardes du corps du Roi en quartier ; du duc de Brissac, capitaine des Cent Suisses ; du marquis de Duras et du duc de Villequier, premiers gentilshommes de la chambre du Roi ; et du marquis de Briges, écuyer.
Mais lorsque les chevaux furent à la porte, les gardes nationaux refusent de l’ouvrir et de laisser partir le Roi.
On saisit les brides des chevaux. Le maire de Paris, Bailly, et le commandant général, le marquis de La Fayette, veulent ordonner d’ouvrir le passage. Le marquis de La Fayette dit aux gardes nationaux et leur prouve qu’il n’y avait que des ennemis de la constitution qui puissent se conduire ainsi, qu’en gênant la volonté du Roi, on lui donnait l’air d’un prisonnier et qu’on annulait alors tous les décrets qu’il avait sanctionnés. On lui répond par des invectives et des assurances qu’on ne laisserait pas partir le Roi.
On sert contre Louis XVI des termes plus injurieux : qu’il était incapable de régner ; qu’il n’était qu’un fonctionnaire public ; qu’on le payait 25 millions, que c’était beaucoup trop ; qu’il fallait le déposer et y placer le duc d’Orléans ; qu’il fit ce que l’on voulait. Les mêmes propos se tiennent dans le peuple : qu’il était entouré d’aristocrates, de prêtres réfractaires, qu’il fallait les chassât…
Le marquis de La Fayette demande, au maire de Paris, de faire proclamer la loi martiale et de déployer le drapeau rouge. M. Bailly, maire de Paris, refuse.
Les détachements des grenadiers, à mesure qu’ils arrivaient, jurent que le Roi ne partirait pas. Plusieurs montrent des balles en disant qu’ils les mettraient dans leurs fusils pour tirer sur le Roi, s’il faisait le moindre mouvement pour partir.
Tous les gens de sa maison, qui s’étaient approchés de la berline, sont insultés par les soldats. Ils en arrachent le marquis de Duras et le maltraite. Louis XVI leur dit qu’il était de son service ; et ce ne fut qu’après leur avoir parlé longtemps et avoir sommé les grenadiers de le rendre. Louis XVI fait appeler deux grenadiers pour leur dire de protéger le duc de Villequier, qui y était aussi. M. de Gougenot, maître d’hôtel du Roi, s’étant approché de la portière de la Reine pour prendre ses ordres pour le dîner, et le Roi lui dit de faire revenir les premiers officiers ainsi que tout le service du château qui attendait la Cour à Saint-Cloud, en est arraché et allait être pendu si des grenadiers n’étaient pas arrivés. Ceux-ci, tout en le maltraitant et en le tiraillant, l’entrainent en lui disant tout bas : « Du moins, vous pouvez dire au Roi qu’il y a encore des braves gens qui savent sauver ceux qui lui sont attachés. » Marie Antoinette leur dit qu’il était du service du Roi ; ils lui répondent qu’ils n’avaient pas d’ordre à recevoir d’elle et qu’ils n’en recevaient que de leurs officiers.
M. Mondragon, maître d’hôtel du Roi, est aussi maltraité.
On insulte les gardes suisses qui étaient rangés en haie vis-à-vis, et les ecclésiastiques qui étaient aux fenêtres du château. On couche en joue le cardinal de Montmorency, Grand Aumônier de France, qui s’était montré à une fenêtre du château.
Le marquis de La Fayette envoya consulter le département de Paris, et le pria de publier la loi martiale : il n’y eut pas de réponse. Il demande au Roi s’il voulait qu’on emploie la force pour le faire passer et faire respecter la loi. Les soldats lui répondent qu’il n’avait aucune force pour cela ; ils avaient tous ôté leurs baïonnettes en disant qu’ils ne s’en serviraient pas contre de braves citoyens. Louis XVI refuse d’employer la force, et dit « Je ne veux pas qu’on verse de sang pour moi ; quand je serai parti, vous serez le maître d’employer tous les moyens que vous voudrez pour faire respecter la loi. »
Dans la place du Carrousel, le postillon de la voiture du Roi, qui n’avait pu entrer, fût menacé d’être massacré, s’il faisait le moindre mouvement. Le piqueur manque d’être pendu ; des grenadiers, qui étaient près de la voiture, pleuraient à chaudes larmes ; il y en eut plusieurs qui s’avancèrent et disent au Roi « Sire, vous êtes aimés, vous êtes adorés de votre peuple, mais ne partez pas ; votre vie serait en danger : on vous conseille mal, on vous égare ; on veut que vous éloigniez les prêtres, on craint de vous perdre. » Louis XVI leur impose le silence, et leur dit que c’étaient eux qui étaient égarés.
Après 2h15 d’attente et d’efforts inutiles du marquis de La Fayette, Louis XVI fait retourner la berline. Louis XVI et Marie Antoinette descendent de voiture et remontent au château sans leur suite qui est dispersée. Les soldats se pressent en foule autour. Comme ils seraient beaucoup la Famille Royale et entraient en foule dans le Vestibule. Marie Antoinette prend M. le Dauphin dans ses bras ; Mme Elisabeth se charge de Madame Royale. Elles les emmènent le plus vite qu’elles puissent. Louis XVI ralentit alors sa marche, et lorsqu’elles furent entrées dans l’appartement de la Reine, il se retourne, et dit d’une voix ferme « Halte-là, grenadiers ! » Tous s’arrêtèrent, comme si on leur avait coupé les jambes. Louis XVI y retrouve Monsieur qui a assisté cet incident depuis une fenêtre.
Il n’y avait, dans la cour des Princes, qui des gardes nationales, le peuple était dans le Carrousel et les portes étaient fermées.
Lorsque Marie Antoinette retourne à son appartement, la princesse de Chimay, sa dame d’honneur, l’accompagne, lui donne le bras et pleure. Marie Antoinette lui dit : « Ce n’est pas le moment de pleurer ; mais celui de montrer du courage, et je vais vous en donner l’exemple. »
A 20 heures, Louis XVI est averti que la garde avait décidé d’entrer la nuit dans toutes les chambres, même dans la sienne, sous prétexte de visiter s’il n’y avait pas de prêtres, mais cette résolution changea à 22 heures.
Ce soir-là, il y avait un concert à l’Hôtel d’Esclignac. Le peuple s’y porte en foule sous prétexte que ce n’était qu’une assemblée d’aristocrates pour enlever le Roi. La garde nationale, qui y vient, déclare qu’elle ne ferait rien, et qu’elle n’empêcherait le peuple de rien.
L’usage est que le Roi et la Famille Royale ne s’absentent pas pendant la quinzaine de Pâques, et de communier en public. Suite aux événements survenus le 18 avril, Louis XVI s’est introduit par une porte dérobée dans la chapelle des Tuileries pour y recevoir la communion du cardinal de Montmorency-Laval, évêque de Metz, Grand Aumônier de France, auquel le refus de serment interdit les fonctions publiques.
Mardi 19 avril 1791
Le trésorier de la Liste civile paie, 1 500 livres, à M. Arnoux, compositeur et conducteur des machines de théâtre pour les spectacles de la Cour, pour ses appointements.
Profitant des facilités offertes en cette période de fêtes religieuses, et étant passé par son diocèse, et Mgr de Sabran, évêque de Laon et Grand Aumônier de la Reine, émigre et gagne Aix la Chapelle.
A 14 heures, Louis XVI se rend, à l’Assemblée nationale, pour se plaindre de l’opposition que l’on avait mise à son voyage de Saint-Cloud, et déclare que pour dissiper les bruits que l’on répandait en Europe sur la contrainte que l’on exerçait à son égard, il était nécessaire que son voyage ne fût pas différé. Il proteste en même temps son attachement à la constitution.
Mardi 20 avril 1791
Dans la soirée, le duc de Duras et le duc de Villequier, premiers gentilshommes de la chambre du Roi, ont donné leurs démissions, et Louis XVI leur demande de quitter la Cour.
Marie Antoinette demande à la princesse de Chimay, sa dame d’honneur, de partir car cette dernière est journellement menacée et insultée. Elle est remplacée par la dame d’atours, la comtesse d’Ossun, qui remplira les deux charges.
Le duc de Brissac n’est pas compris dans la vague de départ qui suit la journée du 18 avril 1791, car il a la goutte à ce moment-là.
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Après la journée du 18 avril 1791, voyant que tant d’émotion avait altéré la santé de sa fille, la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, la confie à son autre fille, la duchesse de Charost, afin que Pauline de Touzel aille chez Mme de Saint-Aldegonde, son autre fille.
Jeudi 21 avril 1791 - Jeudi Saint
Le Roi a lavé les pieds à 12 pauvres et les sert à table. La Reine lave les pieds à 12 filles pauvres et les sert à table.
Mme Mallard, nourrice du Roi, écrit à l’Assemblée nationale, qu’on la ballote pour le traitement de sa pension, entre la Trésorerie Nationale et la Liste Civile, et qu’on ne la paie d’aucun côté. La pétition est renvoyée au comité des pensions. (Loi di du 30 avril 1798 qui fixe le mode liquidation d’une pension due à la veuve Mallard, nourrice de Louis XVI)
Vendredi 22 avril 1791
Dans la nuit, il est convenu que Monsieur, Madame, la comtesse de Balbi et une quatrième personne prendraient la route, dans la voiture de la comtesse de Balby, pour quitter Paris. Monsieur et la comtesse de Balbi, sa favorite, après en avoir longuement parler, en avaient conclu qu’il était devenu impossible d’exercer sa religion. Monsieur ne veut pas être contraint d’assister, le jour de Pâques, le dimanche 24 avril 1791, d’assister à la grand’ messe paroissiale des prêtres constitutionnels.
Les chevaux sont commandés pour minuit.
A l’heure habituelle, Monsieur et Madame se rendent aux Tuileries. Monsieur instruit, Louis XVI et Marie Antoinette, de son projet de départ. L’embarras du Roi et de la Reine est très grand pour faire changer cette résolution qui aurait fait échouer le plan du Roi. C’est alors que Louis XVI confie à Monsieur le projet qu’il avait de s’éloigner de Paris, lorsque tous les arrangements seraient faits et tous les obstacles aplanis ; il lui donne sa parole de l’avertir afin qu’il puisse partir le même jour, lui expose combien son départ pourrait lui nuire. Louis XVI obtient de Monsieur, à 21h30, d’écrire, des Tuileries au Luxembourg, à une personne de confiance qu’il honore de sa confiance, de décommander les chevaux.
Les chevaux sont commandés pour minuit.
A l’heure habituelle, Monsieur et Madame se rendent aux Tuileries. Monsieur instruit, Louis XVI et Marie Antoinette, de son projet de départ. L’embarras du Roi et de la Reine est très grand pour faire changer cette résolution qui aurait fait échouer le plan du Roi. C’est alors que Louis XVI confie à Monsieur le projet qu’il avait de s’éloigner de Paris, lorsque tous les arrangements seraient faits et tous les obstacles aplanis ; il lui donne sa parole de l’avertir afin qu’il puisse partir le même jour, lui expose combien son départ pourrait lui nuire. Louis XVI obtient de Monsieur, à 21h30, d’écrire, des Tuileries au Luxembourg, à une personne de confiance qu’il honore de sa confiance, de décommander les chevaux.
Le Directoire du département de Paris se présente, chez le Roi, pour lui offrir ses remerciements de la nouvelle preuve qu’il venait de donner de son attachement à la constitution. Louis XVI recommande au Directoire de veiller avec soin à la tranquillité publique ; il ajoute que l’on a osé afficher aux portes de son palais, qu’il y avait des relais établis sur la route de Saint-Cloud à Compiègne, pour favoriser son départ ; que cette assertion était de la plus insigne fausseté ; qu’il charge le Directoire, non-seulement de détromper le public de cette imputation calomnieuse, mais même de découvrir s’il n’y avait pas eu des projets criminels pour lui donner l’apparence de la réalité.
Samedi 23 avril 1791
Une députation de l’Assemblée nationale se rend, chez le Roi, avec son président à tête
Dimanche 24 avril 1791 - Pâques
Louis XVI et Marie Antoinette se rendent à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, et y entendent la messe.
Ils soupent à leur Grand Couvert. M. le Dauphin est aussi resté au château des Tuileries. |
Monsieur et Madame se renferment dans leur chapelle particulière au palais du Luxembourg.
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La vicomtesse de Gand reçoit, de Mme Eloffe marchande de modes, un grand habit de cour en or et argent, manches de cour et une enveloppe de toile pour le panier.
M. de Belleyme, ingénier géographe du Roi, présente, à Louis XVI, une nouvelle carte générale de France, divisée en 83 départements et subdivisé en district, avec tous les chefs-lieux de cantons, rédigée et présentée à l’Assemblée nationale.
Lundi 25 avril 1791 - Lundi de Pâques
La compagnie soldée des grenadiers du bataillon de l’Oratoire, qui s’était opposée au voyage du Roi à Saint-Cloud, est licenciée.
Mardi 26 avril 1791
Une députation de la garde nationale parisienne, avec à sa tête le commandant-général, se rend chez le Roi. Le marquis de La Fayette adresse, au Roi, un discours.
Courant du mois d’avril 1791, le marquis de Bouillé fait partir, M. de Goguelat, pour Paris. Il est porteur d’une lettre chiffrée pour Louis XVI. Dans cette lettre, le marquis de Bouillé y fait part des dispositions qu’il a prises, charge celui-ci de les expliquer et prendre les ordres du Roi
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La comtesse du Barry revient, de Londres à Paris, avec des lettres d’émigrés.
Suite à la suppression du privilège du « Tabouret », plusieurs duchesses émigrent à Coblence.
Pour le mois d’avril 1791, Louis XVI a 4 080 livres de dépenses dont 600 livres d’aumônes et donne 4 4436 livres de gratifications.
Beaucoup d’ecclésiastiques, dont la bonne foi avait été surprise, avaient prêté serment à la constitution civile du clergé. Mais une fois éclairer sur leur erreur, ils se hâtèrent de revenir sur leurs pas en se rétractant.
Paris étant désert depuis le 18 avril 1791, l’émigration est générale : tout le monde part et se retire à l’étranger. C’est presque une affaire de mode et de bon ton de s’en aller.
A la fin du mois d’avril, le duc de Choiseul est mis dans la confidence du prochain départ du Roi et de la Famille Royale, avec défense express d’en parler.