DEPART DE MESDAMES, TANTES DU ROI
Dès qu’elles s’étaient installées au château de Bellevue, le 6 octobre 1789, Mesdames avaient conçu le projet de quitter la France et de se retirer à Rome.
Il y a un autre motif qui a provoqué ce départ : la constitution civile du clergé. Cela était inconcevable pour Mesdames.
Par l’intermédiaire du comte de Narbonne, chevalier d’honneur de Mme Adélaïde, Mesdames souhaitaient emmener, avec elles, Mme Elisabeth.
Il était convenu que Mesdames partiraient pour l’Italie. Le départ fixé, celui-ci ne pouvait plus être secret et soulever des complications.
Il y a un autre motif qui a provoqué ce départ : la constitution civile du clergé. Cela était inconcevable pour Mesdames.
Par l’intermédiaire du comte de Narbonne, chevalier d’honneur de Mme Adélaïde, Mesdames souhaitaient emmener, avec elles, Mme Elisabeth.
Il était convenu que Mesdames partiraient pour l’Italie. Le départ fixé, celui-ci ne pouvait plus être secret et soulever des complications.
Mercredi 5 janvier 1791
Le comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, et assurant l’intérim du ministère de l’intérieur, prévient les directoires de Melun, Auxerre, Dijon, Mâcon, Lyon et Montbrison que Mesdames doivent traverser pour gagner le pont de Beauvoisin qui permet d’accéder au Royaume de Piémont.
Un avis est aussi donné au cardinal de Bernis, ambassadeur de France à Rome.
Le comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, et assurant l’intérim du ministère de l’intérieur, prévient les directoires de Melun, Auxerre, Dijon, Mâcon, Lyon et Montbrison que Mesdames doivent traverser pour gagner le pont de Beauvoisin qui permet d’accéder au Royaume de Piémont.
Un avis est aussi donné au cardinal de Bernis, ambassadeur de France à Rome.
Vendredi 21 janvier 1791
Mme Adélaïde adresse une missive à son neveu Louis XVI pour un avis sur le choix de leur futur pays de résidence :
« Comment puis-je, mon cher neveu, vous exprimer les différents sentiments qui sont dans mon âme ? Votre lettre m’a achevé, votre amitié fait mon bonheur et augmente encore ; si cela peut, tous mes regrets de vous quitter. Avant de recevoir votre lettre, j’avais déjà renoncé au projet de Bruxelles auquel j’avais vu tous les inconvénients dont vous me parlez ; il reste encore l’Espagne ou Rome. Si vous voyez que nous puissions vous être utiles en Espagne, je ne balance pas un seul instant ; mais, c’est seulement pour l’argent, Rome devant être beaucoup meilleur marché, si je ne trouve quelqu’un qui puisse faire des avances et attendre des moments plus heureux, je crois que ce lieu-là serait sujet à moins d’inconvénients ; et peut-être, même de là, pourrions-nous vous être utilise pour l’Espagne. Si vous n’avez donc pas d’autres raisons de préférences que pour l’argent, je vous demande trois jours pour faire mon choix, mais toujours soumis à ce qui pourra vous être plus utile et plus agréable, c’est de quoi vous êtes, j’espère, bien persuadé. Adieu, mon cher neveu, pardonnez-moi si je suis troublée, mon amitié pour vous, seule, en est la cause. Conservez-moi la vôtre, elle fera mon soutien et mon bonheur ».
Mme Adélaïde adresse une missive à son neveu Louis XVI pour un avis sur le choix de leur futur pays de résidence :
« Comment puis-je, mon cher neveu, vous exprimer les différents sentiments qui sont dans mon âme ? Votre lettre m’a achevé, votre amitié fait mon bonheur et augmente encore ; si cela peut, tous mes regrets de vous quitter. Avant de recevoir votre lettre, j’avais déjà renoncé au projet de Bruxelles auquel j’avais vu tous les inconvénients dont vous me parlez ; il reste encore l’Espagne ou Rome. Si vous voyez que nous puissions vous être utiles en Espagne, je ne balance pas un seul instant ; mais, c’est seulement pour l’argent, Rome devant être beaucoup meilleur marché, si je ne trouve quelqu’un qui puisse faire des avances et attendre des moments plus heureux, je crois que ce lieu-là serait sujet à moins d’inconvénients ; et peut-être, même de là, pourrions-nous vous être utilise pour l’Espagne. Si vous n’avez donc pas d’autres raisons de préférences que pour l’argent, je vous demande trois jours pour faire mon choix, mais toujours soumis à ce qui pourra vous être plus utile et plus agréable, c’est de quoi vous êtes, j’espère, bien persuadé. Adieu, mon cher neveu, pardonnez-moi si je suis troublée, mon amitié pour vous, seule, en est la cause. Conservez-moi la vôtre, elle fera mon soutien et mon bonheur ».
Mardi 25 janvier 1791
Dans une nouvelle lettre à Louis XVI, Mme Adélaïde discute et fait bien voir que, en dépit des conseils, elle tient à aller à Rome. Mesdames y ont un ami sûr : le cardinal de Bernis, ambassadeur de France à Rome. Elle indique aussi qu’elle a trouvé un homme qui prend l’engagement de faire toucher à Rome l’argent don elles auront besoin pendant tout le temps que les paiements ici ne seront pas interrompus, et s’ils venaient à l’être, à faire l’avance jusqu’à concurrence de 1 200 000 livres. |
Lundi 31 janvier 1791
Mesdames, tantes du Roi, ont écrit au comte de Montmorin, ministre et secrétaire d’état aux affaires étrangères. Elles lui demandent les passeports pour aller à Rome, Louis XVI ayant permis ce voyage. Louis XVI avait ordonné au comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, de leur donner des passeports, et de les signer lui-même.
Les passeports sont signés, non sans grand débat, par le Commune de Paris.
Mesdames, tantes du Roi, ont écrit au comte de Montmorin, ministre et secrétaire d’état aux affaires étrangères. Elles lui demandent les passeports pour aller à Rome, Louis XVI ayant permis ce voyage. Louis XVI avait ordonné au comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, de leur donner des passeports, et de les signer lui-même.
Les passeports sont signés, non sans grand débat, par le Commune de Paris.
Jeudi 3 février 1791
Mesdames allaient partir quand une dénonciation sur leur résolution est transmise au club des jacobins.
Nouvelle lettre de Mme Adélaïde à Louis XVI, où elle se montre toucher par ses inquiétudes au sujet de leur départ, suite au bruit que cela fait. Elle lui indique que leur parti est pris.
Mesdames allaient partir quand une dénonciation sur leur résolution est transmise au club des jacobins.
Nouvelle lettre de Mme Adélaïde à Louis XVI, où elle se montre toucher par ses inquiétudes au sujet de leur départ, suite au bruit que cela fait. Elle lui indique que leur parti est pris.
Mercredi 9 février 1791
M. de Lessart, ministre de l’Intérieur, sur ordre de Louis XVI, avertit les autorités des grandes communes du prochain voyage de Mesdames. Il communique également la liste des personnes qui accompagneront Mesdames. Samedi 12 février 1791
Mesdames arrivent de leur château de Bellevue pour le château des Tuileries. Leurs appartements, au Pavillon Marsan, ne sont pas prêts à leur arrivée. |
Lundi 14 février 1791
Une députation de la Commune de Paris se rend auprès du Roi pour qu’il s’oppose au départ de ses tantes.
Louis XVI répond l’allocution, qu’il avait écouté avec peine : « Je suis sensible à la démarche de la commune. J’ai déjà répondu à la municipalité que mes tantes, étant maîtresses de leurs personnes, avaient le droit d’aller partout où bon leur semblait. Je connais trop leur cœur pour croire qu’on puisse concevoir des inquiétudes sur les motifs de leur voyage ».
Des agitateurs font partager leur colère chaque jour, dans le jardin du Palais Royal, car ils n’avaient pas été satisfaits de la réponse du Roi.
Déjà une députation des dames des halles étaient venues, au château de Bellevue, prier Mesdames de ne pas quitter la France.
D’autres envisageaient aussi de se transporter à au château de Bellevue.
Cela hâte le départ de Mesdames.
Une députation de la Commune de Paris se rend auprès du Roi pour qu’il s’oppose au départ de ses tantes.
Louis XVI répond l’allocution, qu’il avait écouté avec peine : « Je suis sensible à la démarche de la commune. J’ai déjà répondu à la municipalité que mes tantes, étant maîtresses de leurs personnes, avaient le droit d’aller partout où bon leur semblait. Je connais trop leur cœur pour croire qu’on puisse concevoir des inquiétudes sur les motifs de leur voyage ».
Des agitateurs font partager leur colère chaque jour, dans le jardin du Palais Royal, car ils n’avaient pas été satisfaits de la réponse du Roi.
Déjà une députation des dames des halles étaient venues, au château de Bellevue, prier Mesdames de ne pas quitter la France.
D’autres envisageaient aussi de se transporter à au château de Bellevue.
Cela hâte le départ de Mesdames.
Mercredi 16 février 1791
Les médecins de Madame Victoire déclarent que l’état de sa santé ne lui permet pas d’entreprendre ce voyage pendant cette saison rigoureuse.
Les médecins de Madame Victoire déclarent que l’état de sa santé ne lui permet pas d’entreprendre ce voyage pendant cette saison rigoureuse.
Jeudi 17 février 1791
La duchesse d’Orléans a fait ses adieux à Mesdames.
La duchesse d’Orléans a fait ses adieux à Mesdames.
"Notre tendresse pour vous, mon cher neveu, et notre sentiment patriotique, dont nous ne nous sommes jamais écartées, doivent être connus depuis trop longtemps pour que nous puissions être affectées de ce qui a été dit hier à l'Assemblée; mais d'après la délibération prise, ou on décidera que nous sommes, comme tout le monde, soumises à la Loi, - et cette discussion sera en notre faveur, puisque la Loi prononce la liberté de l'homme - ou on décidera que vous devez avoir une autorité directe sur toute votre famille. Vous nous avez déjà donné votre permission pour voyager, je vous demande celle de partir. Vous connaissez nos motifs et la pureté de nos intentions, vous les avez approuvés. C'est à notre grand regret que nous nous éloignons de vous, mon cher neveu; vous connaissez assez notre tendresse pour n'avoir pas besoin de cette nouvelle assurance: tant que nous vivions, nous conserverons ces sentiments dans notre coeur.
Marie-Adélaïde
Victoire"
Marie-Adélaïde
Victoire"
Vendredi 18 février 1791
Faute de ressources, Mesdames veulent emprunter 200 000 livres sur la terre de Louvois. La duchesse de Narbonne, dame d’honneur de Mme Adélaïde, écrit à M. Aillot de Mussey, trésorier des princesses : « Il faut absolument que cette affaire soit terminée très promptement. »
Mme Adélaïde avait acheté cette terre, avec feu sa sœur Mme Sophie, en 1776. A la mort de cette dernière, Mme Adélaïde en est devenue l’unique propriétaire. La terre de Louvois appartenait à la famille Le Tellier, et se situait en Champagne.
Dans la journée, Mesdames font leurs adieux à Louis XVI et à la Famille Royale. C’est la dernière qu’ils se voient.
Mesdames craignent qu’on ne cherche à les arrêter en leur château de Bellevue ; elles quittent dans la nuit le château des Tuileries, où elles sont depuis le 12, pour retourner au château de Bellevue. Elles persistent dans leur projet de voyage, et comptent se mettre en route soit le dimanche 20 soit le lundi 21.
Faute de ressources, Mesdames veulent emprunter 200 000 livres sur la terre de Louvois. La duchesse de Narbonne, dame d’honneur de Mme Adélaïde, écrit à M. Aillot de Mussey, trésorier des princesses : « Il faut absolument que cette affaire soit terminée très promptement. »
Mme Adélaïde avait acheté cette terre, avec feu sa sœur Mme Sophie, en 1776. A la mort de cette dernière, Mme Adélaïde en est devenue l’unique propriétaire. La terre de Louvois appartenait à la famille Le Tellier, et se situait en Champagne.
Dans la journée, Mesdames font leurs adieux à Louis XVI et à la Famille Royale. C’est la dernière qu’ils se voient.
Mesdames craignent qu’on ne cherche à les arrêter en leur château de Bellevue ; elles quittent dans la nuit le château des Tuileries, où elles sont depuis le 12, pour retourner au château de Bellevue. Elles persistent dans leur projet de voyage, et comptent se mettre en route soit le dimanche 20 soit le lundi 21.
Samedi 19 février 1791
Le départ avait été fixé au 20 février.
A 17 heures le comte de Virieu, colonel du régiment Royal Limousin, apprend, à Paris, que les « mégères d’octobre » prennent le pont de Sèvres. Celui-ci étant à l’Assemblée nationale, il la quitte pour aller au château de Bellevue.
Au château, il entre dans la salle à manger où Mesdames allaient se mettre à table pour souper. Elles sont inquiètes.
Rien n’est prévu : pas de chevaux, pas de voitures. Les équipages sont à Meudon. Personne ne donne d’ordre.
La nuit étant venu, depuis la terrasse, on voit approcher une forêt de torches.
Le comte de Virieu voit une voiture attelée dans une cour écartée. Elle appartient à une visiteuse venue de Paris.
Mme Adélaïde écrit une lettre à Louis XVI où elle réitère l’indispensable nécessité de partir. A la fin de la lettre, elle ajoute un mot à l’attention de Marie Antoinette :
« Embrassez bien la Reine de notre part à toutes les deux, et dites-lui bien combien nous sommes désolées de ne pouvoir pas la voir, comme nous lui avions dit, et que nous l’aimons de notre cœur. Nous partons dans le moment ».
A 22 heures, le comte de Virieu pousse Mesdames à la prendre, et ordonne au cocher de partir au galop par la grille de Meudon. Celle-ci est fermée, personne n’a la clé. Le suisse est parti. On s’adosse à la portière : la serrure saute.
Dans la voiture, il y a Mesdames et la duchesse de Narbonne, dame d’honneur de Mme Adélaïde. Le comte de Narbonne, chevalier d’honneur de Mme Adélaïde, et dix-huit personnes suivent dans d’autres équipages : il y a le comte de Chastellux, chevalier d’honneur de Mme Victoire, et la comtesse de Chastellux, dame d’honneur de Mme Victoire, et leurs enfants ; l’abbé Madier, confesseur de Mme Adélaïde et de Mme Elisabeth, et de M. Couture, architecte du Roi. M. François Croiset, en charge de la comptabilité de Mesdames depuis 1783, émigre avec elles. Il continuera à les servir jusqu’à leurs décès respectifs en 1799 et 1800.
Quand ils rejoignent la grande route de Fontainebleau, Mesdames changent de voitures, et partent à toute vitesse.
Le départ avait été fixé au 20 février.
A 17 heures le comte de Virieu, colonel du régiment Royal Limousin, apprend, à Paris, que les « mégères d’octobre » prennent le pont de Sèvres. Celui-ci étant à l’Assemblée nationale, il la quitte pour aller au château de Bellevue.
Au château, il entre dans la salle à manger où Mesdames allaient se mettre à table pour souper. Elles sont inquiètes.
Rien n’est prévu : pas de chevaux, pas de voitures. Les équipages sont à Meudon. Personne ne donne d’ordre.
La nuit étant venu, depuis la terrasse, on voit approcher une forêt de torches.
Le comte de Virieu voit une voiture attelée dans une cour écartée. Elle appartient à une visiteuse venue de Paris.
Mme Adélaïde écrit une lettre à Louis XVI où elle réitère l’indispensable nécessité de partir. A la fin de la lettre, elle ajoute un mot à l’attention de Marie Antoinette :
« Embrassez bien la Reine de notre part à toutes les deux, et dites-lui bien combien nous sommes désolées de ne pouvoir pas la voir, comme nous lui avions dit, et que nous l’aimons de notre cœur. Nous partons dans le moment ».
A 22 heures, le comte de Virieu pousse Mesdames à la prendre, et ordonne au cocher de partir au galop par la grille de Meudon. Celle-ci est fermée, personne n’a la clé. Le suisse est parti. On s’adosse à la portière : la serrure saute.
Dans la voiture, il y a Mesdames et la duchesse de Narbonne, dame d’honneur de Mme Adélaïde. Le comte de Narbonne, chevalier d’honneur de Mme Adélaïde, et dix-huit personnes suivent dans d’autres équipages : il y a le comte de Chastellux, chevalier d’honneur de Mme Victoire, et la comtesse de Chastellux, dame d’honneur de Mme Victoire, et leurs enfants ; l’abbé Madier, confesseur de Mme Adélaïde et de Mme Elisabeth, et de M. Couture, architecte du Roi. M. François Croiset, en charge de la comptabilité de Mesdames depuis 1783, émigre avec elles. Il continuera à les servir jusqu’à leurs décès respectifs en 1799 et 1800.
Quand ils rejoignent la grande route de Fontainebleau, Mesdames changent de voitures, et partent à toute vitesse.
Dimanche 20 février 1791
Au matin, les femmes de Paris arrivent au château de Bellevue, puis retournent à Paris donner l’alarme. De nouveau, des hommes et des femmes retournent au château de Bellevue, pour tenter de s’opposer au départ des fourgons contenant les bagages de Mesdames. Au château de Bellevue, ils trouvent Alexandre Berthier, commandant de la garde nationale de Versailles, qui avait été prévenu dans la nuit du départ de Mesdames. Il donne ordre aux Chasseurs de Lorraine de faire des patrouilles à l’extérieur de Bellevue, et de rentrer à Versailles si tout était tranquille. Jusqu’au 5 mars, M. Berthier fera envoyer, chaque jour, une garde de 15 gardes nationaux et de 30 soldats commandés par un major de la garde nationale pour assurer la sécurité du château de Bellevue. Mesdames relaient, sans encombre, à Fontainebleau, et partent pour Moret. |
Après le départ de Mesdames, le 19 février 1791, le château de Bellevue est tenu comme si leur absence n’était pas définitive. L’abbé de Ruallem, chef du conseil et intendant général des Maisons des princesses, agit au nom de Mesdames.