Vie de cour pour le mois de février 1790
Lundi 1er février 1790
Un grand nombre de confréries ont présenté les cierges de la chandeleur à la Cour.
L’après-midi, on a chanté le Salut, dans la chapelle, composé par M. Giroust, surintendant de la Musique du Roi. L’Université en corps est allée en grande cérémonie, rendre ses devoirs au Roi. Le Recteur prononce un fort beau discours. M. de Miomandre de Sainte-Marie, accompagné d’un autre garde du corps, après avoir été reconnu au Palais Royal et menacé, prévoit de quitter Paris. Ayant su ce qu’il s’était passé, Marie Antoinette leur demande de venir, dans son appartement, un soir à 20 heures. A l’heure dite, tous se présentent, et sont reçus par le Roi, la Reine et Mme Elisabeth, dans l’appartement de Marie Antoinette. Le Roi, devenu apathique, ne dit mot. En revanche, Marie Antoinette et Mme Elisabeth parlent au nom du Roi et en leur nom. Marie Antoinette insiste sur leur prompt départ, et chacun des deux gardes du corps reçoivent 200 louis pour acquitter leurs dettes à Paris et financer leur voyage.
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On transfert le Trône, du Salon d’Apollon à Versailles, au château des Tuileries.
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Au début du mois, M. Thierry de Ville d’Avray, premier valet de chambre du Roi, et commissaire général de la Maison du Roi ayant le département des meubles de la Couronne, fait parvenir, à Louis XVI, un long rapport sur les comptes de son administration depuis 1784, année de sa dernière réforme.
M. Thierry de Ville d’Avray demande de maintenir les appartements des châteaux de Compiègne, de Marly et de Versailles, en état, dans le cas où le Roi déciderait d’y faire un séjour.
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Mardi 2 février 1790 - Jour de la Purification de la Vierge
Louis XVI sort de son appartement vers midi, pour se rendre à la Chapelle. Il est précédé par Monsieur, du duc de Chartres, des chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre du Saint-Esprit. La Grand’ Messe est célébré par Mgr Dillon, archevêque de Narbonne, et chantée par la Musique du Roi.
Marie Antoinette, accompagnée de M. le Dauphin, de Madame Royale, de Madame et de Mme Elisabeth, y assiste depuis la Tribune.
La princesse de Croy de Solre fait la quête.
L’après-midi, le sermon est prononcé par l’abbé de Lasage, nommé pour prêcher le carême. Les Vêpres sont chantées par la Musique du Roi, auxquelles l’abbé de Ganderatz, chapelain de la Grande Chapelle, officie.
L’Université de Paris, ayant à sa tête M. Dumouchel, recteur, a l’honneur de présenter au Roi, suivant l’usage, le cierge de la Chandeleur.
Marie Antoinette, accompagnée de M. le Dauphin, de Madame Royale, de Madame et de Mme Elisabeth, y assiste depuis la Tribune.
La princesse de Croy de Solre fait la quête.
L’après-midi, le sermon est prononcé par l’abbé de Lasage, nommé pour prêcher le carême. Les Vêpres sont chantées par la Musique du Roi, auxquelles l’abbé de Ganderatz, chapelain de la Grande Chapelle, officie.
L’Université de Paris, ayant à sa tête M. Dumouchel, recteur, a l’honneur de présenter au Roi, suivant l’usage, le cierge de la Chandeleur.
Mercredi 3 février 1790
Après le dîner, Louis XVI et Marie Antoinette jouent ensemble une partie de billard. M. le Dauphin et sa sœur jouent aussi une partie sur un petit billard dans le même endroit.
Jeudi 4 février 1790
Le marquis de La Fayette refuse de devenir le commandant de toutes les gardes nationales du Royaume.
Louis XVI chasse le cerf à Gambapail. |
Après son discours à l’Assemblée nationale, Louis XVI est raccompagné, aux bruites des applaudissements, jusqu’à ses appartements, par une délégation de députés. Celle-ci demande, au Roi, d’être admise à présenter ses hommages à la Reine. Louis XVI agrée à cette demande.
Les députés sont, alors, introduits dans le salon du rez de chaussée, où Marie Antoinette est assise près d’une croisée, donnant sur le jardin des Tuileries. Madame Royale est assise près d’elle, et lit l’histoire du règne de Charles Ier d’Angleterre. M. le Dauphin, surveillé par la marquise de Tourzel, bêche une platebande sous la fenêtre, et y plante des fleurs. Sa mère le fait appeler pour qu’il soit présent. Le président de l’Assemblée nationale parle, avec respecte te dévouement, à Marie Antoinette. Elle confirme ce que le Roi avait annoncé à l’Assemblée, ses sentiments et des soins qu’elle ne cesserait de prendre pour les faire naître et les cultiver dans le cœur de M. le Dauphin. Une nouvelle députation, de 60 députés, revient au château, entre 20h30 et 21 heures, est présentée avec les cérémonies ordinaires. |
Louis XVI se propose d’aller chasser à Rambouillet, mais la garde nombreuse que le marquis de La Fayette veut lui donner, l’a encore, cette fois, engagé à y renoncer.
Vendredi 5 février 1790
Les suisses des appartements, qui, de jour et de nuit, ne montaient la garde que dans les salles contiguës à l’œil de Bœuf, ont reçu ordre, de plus, de faire sentinelle dans les autres salles le long de la galerie, parce qu’on s’est aperçu, qu’elles servaient de refuge à des gens très suspects.
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Le marquis de La Fayette et M. Bailly, suivis de la commune, se sont rendus, vers midi, aux Tuileries, pour féliciter le Roi sur ce beau titre qu’il venait d’adopter et que la Nation vient de lui conférer, de chef de la Révolution, titre qui équivaut à celui de premier des citoyens français. Louis XVI reçoit les représentants de sa Nation avec beaucoup de dignité et une bonté vraiment paternelle.
Ensuite, ils sont ensuite admis auprès de la Reine. M. Bailly fait un discours au sujet de l’intervention du Roi, de la veille, à l’Assemblée nationale. Dans sa réponse, Marie Antoinette indique qu’elle partage tous les sentiments du Roi. |
Samedi 6 février 1790
Les écoliers des pensions de Chaillot et des environs sont venus entendre la messe à la chapelle. Après la messe, l’un d’entre eux s’est fait présenter au roi, et lui débite un petit compliment. La Famille Royale paraît très sensible à la visite de cette aimable jeunesse.
Fin du deuil de Marie Anne d’Autriche, abbesse du Chapitre de Prague et sœur de la Reine.
M. Bailly, maire de Paris, et une députation de chacun des 60 districts se rendent, auprès de la Reine, pour lui offrir les mêmes hommages de respects et de dévouement de la part de la commune de Paris.
Fin du deuil de Marie Anne d’Autriche, abbesse du Chapitre de Prague et sœur de la Reine.
M. Bailly, maire de Paris, et une députation de chacun des 60 districts se rendent, auprès de la Reine, pour lui offrir les mêmes hommages de respects et de dévouement de la part de la commune de Paris.
Dimanche 7 février 1790
Louis XVI refuse d’aller au Te deum, qui est chanté à Notre Dame, pour sa démarche patriotique. Il voulait y être placé sur un Trône. Il témoigne quelque humeur d’être toujours privé du plaisir de la chasse, où l’on exige qu’il n’aille qu’avec une garde trop nombreuse.
Lundi 8 février 1790
Le marquis de Savonnières, lieutenant chef de brigade des gardes du corps dans la compagnie de Noailles, décède, à l’Infirmerie Royale, à Versailles, des suites de sa blessures reçue lors des journées du 5 et 6 octobre 1789.
Mardi 9 février 1790
Le Roi, la Reine et M. le Dauphin sont venus à la cathédrale, sans gardes et sans aucune suite. Ils sont descendus de voiture à la porte de l’église. Louis XVI et Marie Antoinette tiennent la main de M. le Dauphin. Le peuple, attendri et plein de joie, répète mille fois : « Vive le Roi, vive la Reine, vive M. le Dauphin. » Louis XVI contemple son peuple, et des larmes se sont échappées. Le peuple crie une seconde fois : « vive la Reine ». Alors M. le Dauphin se met à claquer des mains. Le Roi et la Reine entendent ensuite la messe à l’autel de la vierge.
Après la messe, le Roi, la Reine et M. le Dauphin se sont rendus aux Enfants Trouvés ; ils se sont ensuite retirés, à 12 heures, accompagnés de M. Bailly et du marquis de La Fayette. |
Les ducs de Chartres et de Montpensier, accompagné du comte de Beaujolais, fils du duc d’Orléans, prêtent le serment patriotique au district de Saint-Roch dont dépend le Palais Royal. Ils sont tous trois en uniformes de commandants généraux de la garde nationale, de différentes provinces. Le président du district présente le registre, au duc de Chartres, pour y mettre sa signature. S’apercevant qu’on y avait mis tous ses titres, il les raye, en disant au président : Monsieur, le titre de simple citoyen me suffit ; il m’honore assez ». Le plaisir étincelle des yeux de ces frères comme un signe certain de leur approbation.
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Mercredi 10 février 1790
Louis XVI, Marie Antoinette, M. le Dauphin, Madame Royale et Mme Elisabeth vont entendre la messe à Notre Dame. Aucun faste ne les environne. Un peuple immense suit la voiture en criant « Vive le Roi, la Reine, vive le Dauphin ». Marie Antoinette, M. le Dauphin, Madame Royale, Mme Elisabeth et la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, sont dans le carrosse du Roi. ; un second carrosse sert pour les dames du palais de la Reine, pour les dames pour accompagner Mme Elisabeth et une des sous-gouvernantes des Enfants de France ; et un troisième sert au duc d’Ayen, au duc de Brissac, au duc de Piennes, au marquis de Chauvelin, au marquis de La Fayette et au comte de Saint-Priest.
Après la messe, Louis XVI, accompagné de Marie Antoinette et de Marie Antoinette, visite la maison des enfants trouvés qui reçoivent les caresses et les bénédictions de cette famille. Louis XVI s’attendrie sur tous ces jeunes dont il est environné. On voit Marie Antoinette tenir la main de ces enfants, les caresse avec douceur et sensibilité. Elle laisse M. le Dauphin se mettre au niveau de ces enfants qui viennent lui rendre hommage, et prouve que les hommes naisent égaux.
M. le Dauphin prend en affection un de ces enfants qui lui tend ses petites mains caressantes. Il veut en faire son menin.
Ils sont satisfaits de la propreté, du soin et de l’ordre qui y règnent.
Après la messe, Louis XVI, accompagné de Marie Antoinette et de Marie Antoinette, visite la maison des enfants trouvés qui reçoivent les caresses et les bénédictions de cette famille. Louis XVI s’attendrie sur tous ces jeunes dont il est environné. On voit Marie Antoinette tenir la main de ces enfants, les caresse avec douceur et sensibilité. Elle laisse M. le Dauphin se mettre au niveau de ces enfants qui viennent lui rendre hommage, et prouve que les hommes naisent égaux.
M. le Dauphin prend en affection un de ces enfants qui lui tend ses petites mains caressantes. Il veut en faire son menin.
Ils sont satisfaits de la propreté, du soin et de l’ordre qui y règnent.
Vendredi 12 février 1790
Le marquis de La Fayette et M. Bailly, à la tête de la municipalité, se sont rendus auprès du Roi, pour lui annoncer qu’à l’imitation de l’ordre militaire, l’ordre civile a prêté d’une manière solennelle le serment civique. Louis XVI paraît recevoir cette nouvelle avec une grande satisfaction.
Les présidents des 60 districts de Paris ayant à leur tête M. Bailly, maire de Paris, et les commandants des 60 bataillons précédés du marquis de La Fayette, vont rendre leurs hommages au Roi et à la Reine, et sont présentés par le comte de Saint-Priest, ministre et secrétaire d’état à la Maison du Roi. Lors d’un jeu avec un lapin, M. le Dauphin est légèrement mordu à la main.
On a vu M. le Dauphin sous l’uniforme de la garde nationale. Il montre sa cocarde au public, et dit « vous voyez que je ne suis pas aristocrate ».
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L’après-midi, au bois de Boulogne, des tambours donnent un concert à M. le Dauphin, lors de sa promenade.
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Samedi 13 février 1790
Marie Antoinette a rendu sa loge dans tous les spectacles, et sur ce que M. Bailly, maire de Paris, lui fait observée que les parisiens craignaient qu’elle ne voulût les priver de sa présence. Elle lui répond que chacune de ses loges lui coûtent 6 000 livres, qui seraient beaucoup mieux employés au soulagement des pauvres, et que cela ne l’empêcherait pas d’aller aux spectacles où elle avait toujours une loge.
Mercredi 17 février 1790
La Cour prend le deuil à l’occasion du décès du prince de Bade.
Les hommes porteront l’habit noir, manchettes effilées, boucles et épée blanches.
Les femmes porteront la robe noire, la gaze rayée et les diamants.
Louis XVI et Marie Antoinette assistent à la messe des Cendres, en bas, dans la chapelle.
Les hommes porteront l’habit noir, manchettes effilées, boucles et épée blanches.
Les femmes porteront la robe noire, la gaze rayée et les diamants.
Louis XVI et Marie Antoinette assistent à la messe des Cendres, en bas, dans la chapelle.
Le Roi et la Reine ont la satisfaction de voir mettre en liberté, M. Augeard, secrétaire des commandements de la Reine. Il était en prison depuis 4 mois, et avait traduit, devant le Châtelet, pour des crimes de Lèse-nation.
Jeudi 18 février 1790
Suite à la condamnation, par le Châtelet, de M. de Favras, le Roi et la Reine en sont, profondément, affectés.
Samedi 20 février 1790
Le comte de Saint-Priest, ministre et secrétaire d’état à la Maison du Roi, ayant écrit à M. Bailly, maire de Paris, que le Roi venait d’ordonner à M. Houdon de faire son buste en marbre, dont le Roi veut faire don à la commune de Paris. La commune de Paris arrête que le maire et 24 députés se rendront chez le Roi, à l’instant, pour lui présenter l’hommage de ses sentiments.
Dimanche 21 février 1790
Un courrier, expédié de Vienne par le marquis de Noailles, apporte la nouvelle que l’Empereur, frère aîné de Marie Antoinette, est à la toute extrémité, qu’il est abandonné de ses médecins, et qu’il a reçu les sacrements. Il n’y a pas de jeu chez la Reine.
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Louis XVI, Marie Antoinette et Mme Elisabeth se sont rendus à l’église de Saint-Germain l’Auxerrois pour y entendre la messe paroissiale.
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M. de la Villeurnoy, proche de M. de Favras, décide d’amener Mme de Favras et son fils, au Grand Couvert. L’apparition de Mme de Favras, en grand deuil, fait sensation aux Tuileries, et met, le Roi et la Reine, dans une situation très inconfortable. Ils n’expriment rien, à la vue de cette dernière, derrière eux se tient M. Santerre, commandant d’un bataillon de la garde nationale.
A l’issue du Grand Couvert, et de retour dans son appartement, Marie Antoinette fait parvenir, 100 louis, à Mme de Favras, et lui fait dire qu’elle sera toujours attentive à sa situation.
A l’issue du Grand Couvert, et de retour dans son appartement, Marie Antoinette fait parvenir, 100 louis, à Mme de Favras, et lui fait dire qu’elle sera toujours attentive à sa situation.
Samedi 27 février 1790
Le duc de Penthièvre prête le serment civique devant la municipalité d’Amboise.
La comtesse de Balbi, amie particulière de Monsieur, reparaît au Luxembourg qui est devenu sa résidence parisienne, et rouvre son salon.
Ces jours passés, les journaliers qui travaillent à nettoyer le canal du parc de Versailles, ont trouvé une quantité prodigieuse de boulets de canon dans ce canal. Ils y étaient depuis fort peu de temps, puisque la plupart étaient à peine rouillés.
Le marquis de La Fayette va loger dans le faubourg Saint-Antoine, à l’Hôtel des Quinze-Vingt, ancien hôtel des mousquetaires.