Vie de cour pour le mois de janvier 1791
Samedi 1er janvier 1791
Louis XVI et Marie Antoinette ont reçu les hommages de la Famille Royale, de la Cour, de la municipalité de Paris et de la garde nationale de Paris. La députation de la municipalité, accompagnée de celle de la garde nationale, est conduite chez le Roi et chez la reine par les officiers des Cérémonies.
Vers midi, le Roi, accompagné de Monsieur, et précédé des chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre du Saint-Esprit, marchant processionnellement, et portant, ainsi que Louis XVI, l’habit de l’Ordre, s’est rendu à la Chapelle du château des Tuileries, où il entend la grand’messe chanter par sa Musique, et célébrée par Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis et premier aumônier du Roi. La Reine et la Famille Royale y ont assisté dans la tribune. Mme Stanislas de Clermont-Tonnerre a fait la quête.
C’est la dernière fois que les chevaliers du Saint-Esprit s’assemblent, et que Louis XVI revêt le costume et le collier de l’Ordre.
Louis XVI et Marie Antoinette soupent au Grand Couvert.
Le duc d’Orléans ne paraît pas à la procession de l’Ordre du Saint-Esprit ; il y envoie ses deux fils le duc de Chartres et le duc de Montpensier. On remarque qu’eux seuls, avec le comte d’Estaing, portent la cocarde tricolore au lieu de la cocarde verte de l’Ordre du Saint-Esprit.
A l’occasion du nouvel an, l’usage est de donner l’aubade sous les fenêtres du Roi.
La Musique du Roi se rend au château des Tuileries, et interprète plusieurs reprises, en allusion à la liquidation des dettes de l’Etat décidée par l’Assemblée nationale, l’air de l’opéra-comique « des dettes ».
Louis XVI dispose, à cette date, dans sa caisse de 280 926 livres, et reçoit 12 000 livres.
Des vainqueurs de la Bastille viennent présenter, pour étrennes, à M. le Dauphin, un domino fait de pierre et de marbre de cette prison d’Etat.
Sur le couvercle sont gravés des vers :
« Des pierres et des murailles, qui renfermaient d’innocentes victimes de pouvoir arbitraire, ont été transformés en jouet pour être offert, Monseigneur, comme un hommage de l’amour du peuple et pour vous apprendre qu’elle est sa puissance. »
La meute de Versailles est supprimée.
Vers midi, le Roi, accompagné de Monsieur, et précédé des chevaliers, commandeurs et officiers de l’Ordre du Saint-Esprit, marchant processionnellement, et portant, ainsi que Louis XVI, l’habit de l’Ordre, s’est rendu à la Chapelle du château des Tuileries, où il entend la grand’messe chanter par sa Musique, et célébrée par Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis et premier aumônier du Roi. La Reine et la Famille Royale y ont assisté dans la tribune. Mme Stanislas de Clermont-Tonnerre a fait la quête.
C’est la dernière fois que les chevaliers du Saint-Esprit s’assemblent, et que Louis XVI revêt le costume et le collier de l’Ordre.
Louis XVI et Marie Antoinette soupent au Grand Couvert.
Le duc d’Orléans ne paraît pas à la procession de l’Ordre du Saint-Esprit ; il y envoie ses deux fils le duc de Chartres et le duc de Montpensier. On remarque qu’eux seuls, avec le comte d’Estaing, portent la cocarde tricolore au lieu de la cocarde verte de l’Ordre du Saint-Esprit.
A l’occasion du nouvel an, l’usage est de donner l’aubade sous les fenêtres du Roi.
La Musique du Roi se rend au château des Tuileries, et interprète plusieurs reprises, en allusion à la liquidation des dettes de l’Etat décidée par l’Assemblée nationale, l’air de l’opéra-comique « des dettes ».
Louis XVI dispose, à cette date, dans sa caisse de 280 926 livres, et reçoit 12 000 livres.
Des vainqueurs de la Bastille viennent présenter, pour étrennes, à M. le Dauphin, un domino fait de pierre et de marbre de cette prison d’Etat.
Sur le couvercle sont gravés des vers :
« Des pierres et des murailles, qui renfermaient d’innocentes victimes de pouvoir arbitraire, ont été transformés en jouet pour être offert, Monseigneur, comme un hommage de l’amour du peuple et pour vous apprendre qu’elle est sa puissance. »
La meute de Versailles est supprimée.
Mercredi 5 janvier 1791
A l’occasion d’une audience avec M. Fevan Nunez, ambassadeur d’Espagne en France, Marie Antoinette lui livre ses sentiments. Elle lui confie qu’elle se méfie, par-dessous tout, des actions entreprises par les princes émigrés et qu’elle place tous ses espoirs dans l’influence que pouvait avoir, sur l’Assemblée nationale, une coalition étrangère composée de l’Autriche, de l’Espagne, de la Sardaigne et de la Suisse.
Jeudi 6 janvier 1791
Le duc et la duchesse d’Orléans, voulant mettre le plus grand ordre dans leurs dépenses, préviennent tous les marchands et fournisseurs qu’à compter de ce jour, ils ne feront rien d’acheter qu’au comptant ; qu’en conséquence, personne ne pourra répéter les prix des marchandises qui avaient été livrées à crédit, pour leurs comptes. La réforme qui s’opère dans leur Maison est très considérable.
Vendredi 7 janvier 1791
Louis XVI paie, 14 416 livres, à la manufacture des Gobelins.
Samedi 8 janvier 1791
Le comte Louis de Bouillé quitte Paris pour s’en retourner à Metz, auprès de son père, porteur des projets du Roi pour son départ de Paris.
Dimanche 9 janvier 1791
L’abbé Poupart, curé de Saint-Eustache et confesseur du Roi, prête serment à la constitution civile du clergé. Apprenant cela, Louis XVI lui retire sa confiance, et le remplace par l’abbé Lenfant.
Le comte Louis de Bouillé arrive, au soir, à Metz. Il remet à son père le marquis de Bouillé des lettres du Roi et de la Reine.
Avant son départ de Paris, le comte Louis de Bouillé avait convenu des moyens, avec le comte de Fersen, pour continuer à correspondre. (Quoique toutes les lettres passaient par la poste, pendant cette correspondance de 6 mois, aucune lettre ne fût interceptée). Il n’y eut qu’un petit incident : le comte de Fersen avait oublié d’indiquer la page du livre convenu, avec le comte de Louis de Bouillé, pour trouver le mot qui servait à la combinaison du chiffre. A force de travail, le comte de Louis de Bouillé parvient à remédier à cette omission.
Les lettres du comte de Fersen au comte Louis de Bouillé étaient adressées au baron de Hamilton, suédois et colonel du régiment de Nassau en garnison à Metz. Les lettres du comte Louis de Bouillé au comte de Fersen étaient adressées à la baronne de Korff, intime amie du comte de Fersen, et dévouée au Roi. Parfois, elles étaient adressées à M. Silvenspare, secrétaire de l’ambassade de Suède.
Louis XVI adopte l’avis du marquis de Bouillé, pour Montmédy. Il lui demande seulement la route la plus courte et la plus sure, et de lui envoyer l’itinéraire le plus exact.
Le comte Louis de Bouillé arrive, au soir, à Metz. Il remet à son père le marquis de Bouillé des lettres du Roi et de la Reine.
Avant son départ de Paris, le comte Louis de Bouillé avait convenu des moyens, avec le comte de Fersen, pour continuer à correspondre. (Quoique toutes les lettres passaient par la poste, pendant cette correspondance de 6 mois, aucune lettre ne fût interceptée). Il n’y eut qu’un petit incident : le comte de Fersen avait oublié d’indiquer la page du livre convenu, avec le comte de Louis de Bouillé, pour trouver le mot qui servait à la combinaison du chiffre. A force de travail, le comte de Louis de Bouillé parvient à remédier à cette omission.
Les lettres du comte de Fersen au comte Louis de Bouillé étaient adressées au baron de Hamilton, suédois et colonel du régiment de Nassau en garnison à Metz. Les lettres du comte Louis de Bouillé au comte de Fersen étaient adressées à la baronne de Korff, intime amie du comte de Fersen, et dévouée au Roi. Parfois, elles étaient adressées à M. Silvenspare, secrétaire de l’ambassade de Suède.
Louis XVI adopte l’avis du marquis de Bouillé, pour Montmédy. Il lui demande seulement la route la plus courte et la plus sure, et de lui envoyer l’itinéraire le plus exact.
Nuit du 10 au 11 janvier 1791
Il y a eu un vol considérable chez la comtesse du Barry, dans son pavillon de Lucienne. Le vol se monte à 1 100 mille livres de diamants et de pierreries. Cette nuit, la comtesse du Barry couchait à Paris, et les voleurs ont profité de son absence, et celui de ces gens, pour entrer dans son appartement avec une échelle. Ils fracturent la commande en porcelaine de la chambre à coucher, ainsi que son secrétaire, où se trouvaient ses plus belles parures.
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Mardi 11 janvier 1791
Par un courrier de son intendant Denis, l’informant du vol, la comtesse du Barry se rend à Luciennes, et mesure l’ampleur de l’infraction.
Mercredi 12 janvier 1791
Sur le conseil du duc de Brissac, son amant, la comtesse du Barry fait venir son joailler, et dresse, avec lui, la longue liste de ses bijoux.
Puis sur le conseil de son notaire, elle fait placarder une notice en gros titre « Deux mille louis à gagner et récompense honnête et proportionnée aux objets qui seront rapportés. » Une liste de 4 pages suit. |
Mardi 18 janvier 1791
On vient de donner le détail, par des affiches publiques, du vol fait à Luciennes, chez la comtesse du Barry ; et on promet 48 000 livres de récompense à celui qui pourra en découvrir la trace, et retrouver ces effets précieux.
Dimanche 23 janvier 1791
Le Roi prend le deuil, pour 8 jours, à l’occasion de la mort de la duchesse de Modène. L’Etiquette est :
- Pour les hommes, l’habit noir complet, manchettes effilées en mousseline, boucles et épées blanches
- Pour les femmes, du 23 au 26 inclus, la robe de soie noire garnie de gaze, le bonnet et l’ajustement de gaze rayée, les diamants. Du 27 au 30 inclus, fin du deuil, la robe de soie blanche ou noire et blanche, les diamants.
La marquise de Mesgrigny a été décorée de la croix honoraire de l’Ordre de Malte, par un bref, de SE le Grand Maître Rohan, du mois d’octobre 1790. Elle a obtenu, de Louis XVI, la permission de la porter.
Marie Antoinette n’ose plus écrire de lettre et de les envoyer par la poste. Elle se sert d’intermédiaires qui portent jusqu’à Bruxelles.
Les marchandes de fleurs ont fait exécuter le portrait du Roi, et lui ont présenté comme étrennes.
Pour le quartier de janvier 1791, Louis XV paie 875 livres de pension, et 3 517 livres de gratifications.
Dans une lettre, Louis XVI prévient le marquis de Bouillé qu’il était suspect de tous les partis, et que le marquis de La Fayette le voyait qu’avec des yeux jaloux. Il lui indique aussi que l’on intrigue pour retirer l’Alsace de son commandement, et de la donner au comte e Luckner.
Dans sa réponse, le marquis de Bouillé propose de renoncer à l’Alsace de lui-même, et propose comme successeur M. de Gelb, né et résidant en Alsace, à la plus grande probité, et a le plus grand attachement au Roi. Le marquis de Bouillé écrit, en ce sens, à M. Duportail, ministre de la Guerre ; ce dernier lui répond par l’acceptation de sa démission relative à l’Alsace uniquement. Louis XVI est, ensuite, sollicité par M. Duportail et le marquis de La Fayette, pour conférer ce commandement au comte de Luckner, mais Louis XVI refuse et indique son intention de l’accorder à M. de Gleb. De cette manière, le marquis de Bouillé garde son influence en Alsace.
Dans sa réponse, le marquis de Bouillé propose de renoncer à l’Alsace de lui-même, et propose comme successeur M. de Gelb, né et résidant en Alsace, à la plus grande probité, et a le plus grand attachement au Roi. Le marquis de Bouillé écrit, en ce sens, à M. Duportail, ministre de la Guerre ; ce dernier lui répond par l’acceptation de sa démission relative à l’Alsace uniquement. Louis XVI est, ensuite, sollicité par M. Duportail et le marquis de La Fayette, pour conférer ce commandement au comte de Luckner, mais Louis XVI refuse et indique son intention de l’accorder à M. de Gleb. De cette manière, le marquis de Bouillé garde son influence en Alsace.
Depuis longtemps, il circule, dans toutes les classes de la société et dans tous les clubs du Palais Royal, des bruits de projets de conspiration contre la Famille Royale. Les royalistes conçoivent des inquiétudes sur la sûreté du château des Tuileries. Ils s’assemblent dans les appartements qui étaient comme un club où ils venaient apprendre ou rencontrer ce qui s’était passé de nouveau dans la ville.