Vie de Cour du 1er au 9 août 1792
Dans les premiers jours du mois, M. Bertrand de Molleville, ancien ministre de la Marine et chargé de la « police secrète » du Roi, prend la précaution de brûler tous les papiers et documents qui auraient pu compromettre le Roi ou les personnes qui lui étaient dévouées.
Dans les premiers jours du mois, on parle presque ouvertement d’une attaque contre le château. Peu y croyaient, ne pensant pas la chose possible.
Depuis le début du mois, le comte de Paroy ne quitte pas le château ; il avait fait porter des habits dans sa chambre.
Mercredi 1er août 1792
Jean-Pierre Louis Hanet Cléry, valet de chambre de Madame Royale, reprend son service après d’elle alors qu’il n’y est pas obligé.
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La comtesse de Lage de Volude, dame pour accompagner la princesse de Lamballe, quitte Paris, à 4 heures.
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Jeudi 2 août 1792
Louis XVI demande au trésorier général de la Liste civile de payer 47 350 livres comptant aux personnes qui ont servi aux berceaux des enfants de M. le comte d’Artois, pour les six premiers mois de 1792 : il s’agit de M. le duc d’Angoulême, de M. le duc de Berry et de Mademoiselle jusqu’à sa mort.
Vendredi 3 août 1792
Le moniteur publie le manifeste du duc de Brunswick.
Trois députés de l’Assemblée nationale (Vergniaud, Guadet et Gensonné) remettent une lettre à M. Boze, peintre du Roi. Celui-ci la transmet à son tour à M. Thierry de Ville d’Avray, premier valet de chambre du Roi, afin qu’il la remette au Roi. Dans cette lettre, les trois députés préviennent de la prochaine insurrection et de la possible déchéance de Louis XVI.
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Nuit du 4 au 5 août 1792
Les suisses sont accourus de Courbevoie et de Rueil, croyant que l’on attaquerait le château des Tuileries dans la nuit.
Quelques jours avant le 10 août, le marquis de Bonchamps vient à Paris.
Depuis longtemps, Louis XVI n’avait plus, au château des Tuileries, ni sommeil ni repos. Ses jours et ses nuis étaient pleines d’inquiétudes. Ses ennemis ne quittaient pas les abords du château, et ils se relevaient de garde pour prolonger ses alarmes. On l’abreuvait d’insultes et d’amertumes.
Dimanche 5 août 1792
Dans la nuit, vers 5 heures, on sonne le tocsin. L’alarme est aux Tuileries. On craint quelque chose entre les fédérés marseillais et les bataillons de la garde nationale. Les ministres ont passé la nuit aux Tuileries.
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M. Gouverneur Morris, ambassadeur des Etats Unis se rend aux Tuileries, et note dans son journal « Rien de remarquable, sinon que personne ne s’est couché dans l’attente d’être assassiné. »
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La Cour n’avait jamais aussi brillante et nombreuse. Le vif intérêt et l’inquiétude générale qu’inspirait la position du Roi et de la Reine, se peignaient sur tous les visages.
Pour la dernière fois, Louis XVI et la Famille Royale vont entendre, la messe et les Vêpres, dans la chapelle du château.
Le matin, sur son passage, Louis XVI et la Famille Royale sont accueilli par des cris de « Vive le Roi, vive la Reine » poussées par des amis et par des serviteurs fidèles.
En revanche, lors des Vêpres, en présence du Roi et de la Famille Royale, les musiciens et les chanteurs grossissent volontairement leurs voix, durant du Magnificat, au verset « Deposuit protendes de sede » (il a chassé les puissants de leur trône) ; ils font allusion à la situation dans laquelle se trouve Louis XVI et sa famille.
En réaction, les royalistes, pour se venger, chantent le « Domine saluum fac regem et reginam ».
Louis XVI, accompagné de sa famille, sort, de la chapelle, en proie à la plus vie et à la plus triste émotion.
Pour la dernière fois, Louis XVI et la Famille Royale vont entendre, la messe et les Vêpres, dans la chapelle du château.
Le matin, sur son passage, Louis XVI et la Famille Royale sont accueilli par des cris de « Vive le Roi, vive la Reine » poussées par des amis et par des serviteurs fidèles.
En revanche, lors des Vêpres, en présence du Roi et de la Famille Royale, les musiciens et les chanteurs grossissent volontairement leurs voix, durant du Magnificat, au verset « Deposuit protendes de sede » (il a chassé les puissants de leur trône) ; ils font allusion à la situation dans laquelle se trouve Louis XVI et sa famille.
En réaction, les royalistes, pour se venger, chantent le « Domine saluum fac regem et reginam ».
Louis XVI, accompagné de sa famille, sort, de la chapelle, en proie à la plus vie et à la plus triste émotion.
Lundi 6 août 1792
M. de Laporte, intendant de la Liste Civile, demande à M. de Septeuil, trésorier général de la Liste Civile, de payer à M. Le Grain, secrétaire de la Chambre de Mme Adélaïde, la somme de 18 246 livres, pour les 6 premiers mois de 1792.
On répand le bruit, aux Tuileries, que Louis XVI voulait s’enfuir.
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Marie Antoinette était de l’avis qu’il n’y avait que deux parties à prendre : celui de combattre les factieux les armes à la main, ou de gagner une ville forte dans laquelle on pourrait encore tenir.
Lorsqu’elle entendait certains courtisans juger un peu sévèrement le Roi, elle le défendait, et ne voulait pas par ses actions donner des armes aux ennemis du Roi. |
Mardi 7 août 1792
Marie Antoinette reçoit sa dernière commande provenant du « Grand Mogol », propriété de Mlle Bertin, sa marchande de mode.
300 gardes suisses quittent Paris sous le commandement des lieutenants Karrer et Rusca, avec l’agrément de Louis XVI. 25 gardes ont été prélevés dans chaque compagnie.
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A 18 heures, M. de Talleyrand se rend dans le Cabinet du Roi. Louis XVI est vêtu de violet, et avait passé une robe de chambre de basin blanc, par-dessus sa veste. Louis XVI lui demande des nouvelles d’Angleterre d’où il revenait. Au cours de la discussion, il annonce à Louis XVI qu’il souhaite le sauver, et évoque un plan d’évasion fixé au 10 août.
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Mercredi 8 août 1792
Louis XVI et Marie Antoinette jouent 10 parties de billard dont sept sont gagnées par Marie Antoinette.
On se montre fort inquiet, au château des Tuileries, des bruits de projets hostiles.
Jeudi 9 août 1792
« Je prie MM les maréchaux des logis de destiner pour cette nuit à MM de Maillardoz et de Bachamann, lieutenant-colonel et major des gardes suisses, un pied à terre, et à chacun un lit dans le château des Tuileries. Quand, faute d’autres logements, l’on serait obligé de prendre un de ceux de Mesdames Tantes du Roi, la circonstance du moment exige de passer sur toutes considérations.
Si l’on a besoin de draps et d’autres ustensiles, je prie MM les maréchaux des logis de les faire demander à M. de Chanterenne, inspecteur du garde-meuble, M. Thierry n’étant point aujourd’hui à Paris.
A Paris, le 9 août 1792
Delaporte »
Si l’on a besoin de draps et d’autres ustensiles, je prie MM les maréchaux des logis de les faire demander à M. de Chanterenne, inspecteur du garde-meuble, M. Thierry n’étant point aujourd’hui à Paris.
A Paris, le 9 août 1792
Delaporte »
L’après-midi s’écoule fort tranquillement. Louis XVI fait plusieurs parties de billard avec Mme Elisabeth, avant d’aller à 17 heures, passer la garde en revue.
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Lady Sutherland, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre, et une autre dame sont les seules personnes étrangères à l’entourage habituel de Marie Antoinette, qui se sont présentées aux Tuileries.
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Mme Elisabeth se confesse à l’abbé Edgeworth de Firmont, son confesseur.
Dans la soirée, le salon de la Reine se remplit de courtisans se présentant en armes. Marie Antoinette et Mme Elisabeth les supplient de prendre garde et de songer à leur sécurité.
Après le souper, toute la Famille Royale se retire, dans la salle du Conseil, avec les ministres et quelques personnes de la Cour.
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Peu de temps avant le souper de la Famille Royale, M. Pétion, maire de Paris, appelé par le Roi, vient aux Tuileries et donne ordre, par écrit, au marquis de Mandat, commandant général de la garde nationale, l’ordre, déjà donné, de repousser la force par la force.
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La princesse de Tarente passe une partie de la journée chez la princesse de Lamballe au château des Tuilerie et déjeune avec la marquise de Tourzel. Le soir, elle dîne chez la princesse de Lamballe et y passe la soirée à jouer au tric-trac. Le duc de Choiseul et le baron de Viomesnil sont présents à cette soirée.
Le prince royal est couché, comme de coutume, à 20h30.
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Il n’y a pas de Coucher du Roi.
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Le soir, la duchesse de Maillé, dame du palais de la Reine, est absente des Tuileries, quand la révolte commence. Elle accourt aussitôt au château, fend la foule et demande aux factionnaires de la laisser entrer. Les gardes lui refusent l’accès, mais celle-ci insiste en disant que c’est son devoir d’être auprès de Marie Antoinette. La foule commence à se saisir d’elle mais elle est reconnue par quelques personnes qui se saisissent d’elle et l’emmène.
Les valets de chambre ne couchent pas, habituellement, aux Tuileries. Mais ce soir-là, les frères Cléry, valets de chambre de M. le Dauphin et de Madame Royale, prennent à cet égard des ordres de la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, qui loue leur zèle, et leur recommande de rester au château.
C’est aussi le cas d’autres serviteurs : les uns passeront, la nuit, étendus sur des banquettes ; d’autres sur des chaises.
C’est aussi le cas d’autres serviteurs : les uns passeront, la nuit, étendus sur des banquettes ; d’autres sur des chaises.
Le comte d’Affry, colonel des gardes suisses, se rend au corps de gardes des Tuileries, pour renouveler, aux officiers, l’ordre que l’on ne fasse usage des armes que sur un ordre écrit, sur réquisition du commandant de la garde nationale ou de la commune de Paris.
Il passe le commandement des gardes suisses à son neveu, le marquis de Maillardoz, lieutenant-colonel. |
Le duc d’Ayen, émigré depuis 1791 en Suisse, est revenu à Paris lorsqu’il a appris le danger que courait le Roi, et se trouve aux Tuileries.
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A 23 heures, les ministres, après avoir donné dans leurs départements les ordres les plus indispensables, sont revenus aux Tuileries.
M. Roederer venait aussi d’arriver, et s’étonne de ne pas voir le maire, dont il avait réclamé la présence, lui écrivit sur la table du Conseil.
M. Roederer venait aussi d’arriver, et s’étonne de ne pas voir le maire, dont il avait réclamé la présence, lui écrivit sur la table du Conseil.