Vie de cour pour le mois d'avril 1790
Jeudi 1er avril 1790 - Jeudi Saint
Après l’absoute faite par M. le coadjuteur d’Alby et le service prononcé par M. l’abbé Fayolle, à 10 heures, le Roi a lavé les pieds à douze pauvres et les a servis à table. Les douze pauvres sont habillés de neuf par le Roi : chapeau sans cocarde, une chemise, une cravate, un mouchoir de poche, une paire de bas et une paire de souliers. Ils sont assis sur une banquette assez élevée pour que leurs pieds se trouvent sur un gradin ; ils avaient le pied gauche chaussé et le droit nu. A côté du pied nu, il y a une cuvette avec de l’eau tiède. Chacun des douze place son pied sur le bord de la cuvette ; alors Louis XVI, prenant le creux de sa main un peu d’eau dans chaque cuvette, la jette sur chacun des douze pieds, qui n’avaient pas besoin d’être lavés. Après avoir reçus l’aumône, les douze pauvres se sont rechaussés pour aller ensuite manger les plats servis. Les maîtres d’hôtel du Roi précédaient le service dont les plats ont été portés par Monsieur, par M. le duc de Chartres, par M. le duc de Montpensier et les principaux officiers du Roi
Après cette cérémonie, le Roi, la Reine et la Famille Royale ont assisté, dans la chapelle du château des Tuileries, à la grand’messe célébrée par l’abbé Ganderatz, chapelain de la grande chapelle et chantée par la Musique du Roi. Mme la princesse de Tarente a fait la quête.
Dans l’après-midi, la Reine a entendu le sermon de la cène, prononcé par l’abbé Rousseau, prédicateur ordinaire du Roi. Ensuite, le coadjuteur d’Alby a fait l’absoute. La Reine a lavé les pieds de 12 pauvres filles, qu’elle a servies à table. Les plats ont été portés par Madame, par Mme Elisabeth, les dames du palais de la Reine et les dames pour accompagner les princesses.
Après cette cérémonie, le Roi, la Reine et la Famille Royale ont assisté, dans la chapelle du château des Tuileries, à la grand’messe célébrée par l’abbé Ganderatz, chapelain de la grande chapelle et chantée par la Musique du Roi. Mme la princesse de Tarente a fait la quête.
Dans l’après-midi, la Reine a entendu le sermon de la cène, prononcé par l’abbé Rousseau, prédicateur ordinaire du Roi. Ensuite, le coadjuteur d’Alby a fait l’absoute. La Reine a lavé les pieds de 12 pauvres filles, qu’elle a servies à table. Les plats ont été portés par Madame, par Mme Elisabeth, les dames du palais de la Reine et les dames pour accompagner les princesses.
Vendredi 2 avril 1790
Le prince de Conti est arrivé à Paris dans la nuit.
Depuis son retour de Paris, le 2 avril, le prince de Conti reçoit, quotidiennement, des lettres anonymes. Il a eu la faiblesse de dire que si cela continue, il retourne en émigration. Les aristocrates ne lui pardonnent pas son empressement à faire, en personne, à son arrivée à Paris, le serment civique, qu’il avait fait d’avance par procuration.
Samedi 3 avril 1790
La Cour a entendu l’O’Filii de la composition de M. Giroust, maître de la Musique du Roi exécuté par la Musique du Roi.
Louis XVI et la Famille Royale entendent l’office à la Tribune, à 10h15. Madame, fille du Roi, a été confirmée dans la chapelle du château des Tuileries par M. le Grand Aumônier de France, en présence du Roi et de la Famille Royale. A 18 heures, ils entendent les Complies et l’office. |
Le matin, le prince de Conti a eu la visite des dames de la Halle et celles des tambours ; il a fait distribuer de l’argent aux uns et aux autres : il a versé d’abondantes aumônes dans la paroisse et parmi les pauvres qui se sont présentés.
Il est ensuite sorti pour aller prêter le serment civique au district des Jacobins Saint-Dominique. Il a remis au président une somme de 200 000 livres pour les indigents. Puis, il est allé présenter ses respects au Roi au château des Tuileries. Il porte à son chapeau la cocarde patriotique. |
Dimanche 4 avril 1790 - Dimanche de Pâques
A 11 heures, le Roi, la Reine, accompagné de Madame, fille du Roi, et de Mme Elisabeth ont entendu la grand’messe dans l’église Saint-Germain l’Auxerrois.
Monsieur et Madame ont entendu la grand’messe dans l’église Saint-Sulpice, leur paroisse. L’après-midi, il y a eu sermon dans la chapelle du château des Tuileries. La Cour l’a entendu, et a ensuite assisté aux vêpres. Le Roi et la Reine soupent au Grand Couvert. |
Mme la marquise de Dreux-Brézé a eu l’honneur d’être présentée à LL MM et à la Famille Royale par Mme la comtesse de Coucy.
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Lundi 5 avril 1790 - Lundi de Pâques
Louis XVI s’est rendu, à 9h30, à l’église paroissiale de Saint-Germain l’Auxerrois, où il a communié des mains de S.E. le cardinal de Montmorency, Grand Aumônier de France ; Monsieur tenant la nappe du côté de Sa Majesté, Mgr de Roquelaure, premier aumônier, et l’abbé de Fénelon, aumônier de quartier, la tenant du côté de l’autel.
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Mme la baronne d’Aurillac et Mme la comtesse d’Ourches ont eu l’honneur d’être présentées au Roi et à la Famille Royale ; la première par la duchesse de Caylus et, la seconde par la comtesse de Coucy.
Mmes Adélaïde et Victoire sont parties pour leur château de Bellevue.
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Mardi 6 avril 1790
Mme Elisabeth a communié dans l’église de Saint-Germain l’Auxerrois des mains de Mgr de Roquelaure, évêque de Senlis, premier aumônier du Roi ; Mme la marquise de Sérent et Mme la duchesse de Duras tenant la nappe.
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La veille de la communion de sa sœur, M. le Dauphin dit à sa gouvernante, la marquise de Tourzel : « Je suis bien fâché de n’avoir plus mon jardin de Versailles. J’aurais fait demain deux bien beaux bouquets, l’un pour maman, l’autre pour ma sœur. »
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Le marquis de Montbail de Rorthays et le comte de Mahé de Launay ont l’honneur d’être présentés au Roi et à la Famille Royale.
Mercredi 7 avril 1790

Madame, fille du Roi, a reçu dans l’église de Saint-Germain l’Auxerrois la première communion des mains de S.E. le cardinal de Montmorency, Grand Aumônier de France ; Mme la marquise de Tourzel, Gouvernante des Enfants de France, et de Mme la duchesse de Charost tenant la nappe. Madame Royale s’est approchée de la sainte table avec les marques de la dévotion la plus sincère. La Reine et Mme Elisabeth ont assisté à cette cérémonie.
Madame Royal avait été instruite par le curé de Saint-Eustache.
Avant de se rendre à Saint-Germain l'Auxerrois, le matin, Marie Antoinette amène sa fille dans la chambre du Roi et lui dit « Ma fille, jetez-vous aux pieds de votre père, et demandez-lui sa bénédiction. » Madame Royale se prosterne devant son père qui la relève, et lui dit :
"Votre coeur est innocent et pur aux yeux de Dieu, vos voeux doivent lui être agréable. Offrez-les lui pour votre mère et moi ; demandez-lui qu'il me donne les grâces nécessaires pour faire le bonheur de ceux sur lesquels qu'il m'a donné l'empire et que je dois considérer comme mes enfants. Souvenez-vous, ma fille, que la religion est la source du bonheur et notre soutien dans les peines de la vie. Ne croyez pas que vous en soyez à l'abri. Vous êtes biens jeune, mais vous avez déjà vu votre père affligé plus d'une fois. Vous ne savez pas, ma fille, à quoi la providence vous destine : si vous restrez dans ce Royaume ou si vous en habitrez un autre. Dans quelque lieu que la main de Dieu vous pose, souvenez-vous que vous devez édifier par vos exemples, faire le bien toutes les fois que vous en trouverez l'occasion. Mais surtout soulagez les malheureux de tout votre pouvoir. Dieu ne nous a fait dans le rang où nous sommes que pour travailler à leur bonheur. »
Puis, comme il était d'usage que les Filles de France reçussent une parure de diamants le jour de leur première communion, Louis XVI qui avait résolu d'abolir cet usage dispendieux, ajouta encore :
"Je vous sais trop raisonnable, ma fille, pour croire, qu'au moment où vous devez être entièrement occupé du soin d'orner votre coeur et d'en faire un sanctuaire digne de la Divinité, vous attachiez un grand prix à des parures artificielles. D'ailleurs, mon enfant, la misère publique est extrême, les pauvres abondent, et assurément vous aimerez mieux vous passer de pierreries que de savoir qu'ils manquent de pain."
A partir de ce jour, selon l’usage, Madame Royale peut s’asseoir et prendre ses repas à la Table du Roi.
A cette occasion, Louis XVI fait d’abondantes aumônes.
Madame Royal avait été instruite par le curé de Saint-Eustache.
Avant de se rendre à Saint-Germain l'Auxerrois, le matin, Marie Antoinette amène sa fille dans la chambre du Roi et lui dit « Ma fille, jetez-vous aux pieds de votre père, et demandez-lui sa bénédiction. » Madame Royale se prosterne devant son père qui la relève, et lui dit :
"Votre coeur est innocent et pur aux yeux de Dieu, vos voeux doivent lui être agréable. Offrez-les lui pour votre mère et moi ; demandez-lui qu'il me donne les grâces nécessaires pour faire le bonheur de ceux sur lesquels qu'il m'a donné l'empire et que je dois considérer comme mes enfants. Souvenez-vous, ma fille, que la religion est la source du bonheur et notre soutien dans les peines de la vie. Ne croyez pas que vous en soyez à l'abri. Vous êtes biens jeune, mais vous avez déjà vu votre père affligé plus d'une fois. Vous ne savez pas, ma fille, à quoi la providence vous destine : si vous restrez dans ce Royaume ou si vous en habitrez un autre. Dans quelque lieu que la main de Dieu vous pose, souvenez-vous que vous devez édifier par vos exemples, faire le bien toutes les fois que vous en trouverez l'occasion. Mais surtout soulagez les malheureux de tout votre pouvoir. Dieu ne nous a fait dans le rang où nous sommes que pour travailler à leur bonheur. »
Puis, comme il était d'usage que les Filles de France reçussent une parure de diamants le jour de leur première communion, Louis XVI qui avait résolu d'abolir cet usage dispendieux, ajouta encore :
"Je vous sais trop raisonnable, ma fille, pour croire, qu'au moment où vous devez être entièrement occupé du soin d'orner votre coeur et d'en faire un sanctuaire digne de la Divinité, vous attachiez un grand prix à des parures artificielles. D'ailleurs, mon enfant, la misère publique est extrême, les pauvres abondent, et assurément vous aimerez mieux vous passer de pierreries que de savoir qu'ils manquent de pain."
A partir de ce jour, selon l’usage, Madame Royale peut s’asseoir et prendre ses repas à la Table du Roi.
A cette occasion, Louis XVI fait d’abondantes aumônes.
Jeudi 8 avril 1790
Le général Paoli, accompagné du marquis de La Fayette, a été présenté au Roi.
Dans le courant du mois, Marie Antoinette fait remettre une somme de 10 000 livres, à M. de Boissi, trésorier des pauvres, qui procure la liberté à 143 personnes détenus pour mois de nourrice.
Le comte de Béthune, fils du duc de Charost, est admis aux Honneurs du Louvre.
Dimanche 11 avril 1790
Mme la comtesse de Crenole a eu l’honneur d’être présentée à Leurs Majestés et à la Famille Royale par Mme la comtesse de Jarnac.
Le Manège du Roi, ci-devant aux Tuileries, est rétabli provisoirement aux anciennes écuries du duc d’Orléans, rue de Provence, Chaussée d’Antin.
Samedi 17 avril 1790
Dimanche 18 avril 1790
M. de Lesseps, consul de France, a eu l’honneur de présenter au Roi, à la Reine et à la Famille Royale le journal historique de son voyage de la baie d’Avatcha au Kamtschatka, en France, depuis l’instant où il a quitté les frégates du Roi, commandés par le comte de la Pérouse.
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Mme la marquise de Cély a eu l’honneur d’être présentée au Roi, à la Reine et à la Famille Royale par Mme la comtesse d’Astorg.
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Mercredi 21 avril 1790
Le Roi et la Reine ont visité, à 11 heures, la manufacture des Gobelins (Ce sera leur dernière visite), au faubourg Saint-Marcel, et ont été reçus par M.Thorillon, président du district, qui leur a exprimé la joie qui inspirait au peuple leur auguste présence. Le Roi a répondu avec simplicité, qu'il était toujours bien sensible aux marques d'affection de son peuple. La Reine a dit au président du district : "Vous avez bien des malheureux ; mais les moments où nous les soulageons sont bien précieux." Le Roi, après avoir témoigné sa satisfaction de cette manufacture, l'un des plus beaux monuments de l'industrie française, a chargé le duc de Brissac de remettre au président du district 6 000 livres pour les pauvres du faubourg. Il a fait aussi distribuer 1 200 livres parmi les ouvriers de la manufacture.
Le Roi et la Famille Royale ont signé le contrat de mariage du marquis de Monbail de Ronhays avec mademoiselle de Mahé de Launay ; celui du marquis de Rochemore avec mademoiselle de Rochebousseau.
Le Roi et la Famille Royale ont signé le contrat de mariage du marquis de Monbail de Ronhays avec mademoiselle de Mahé de Launay ; celui du marquis de Rochemore avec mademoiselle de Rochebousseau.
Mercredi 28 avril 1790
Le cardinal de Loménie de Brienne, ancien principal ministre, de retour d’Italie où il s’était installé à la suite de son renvoi en août 1788, et voulant se faire oublier, s’installe, dans son archevêché, à Sens. Il se rend, ce jour, à l’Hôtel de Ville, et prête le serment civique, voulu par l’Assemblée nationale. Il laisse, sur l’autel de la patrie, 100 louis destinés à soulager les pauvres.
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Fin avril, le comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur du Roi Apostolique de Hongrie et de Bohême, a une audience particulière du Roi, durant laquelle il lui remet sa lettre de créance. Il y est conduit par M. de Tolozan, introducteur des ambassadeurs, et précédé par M. de Séqueville, secrétaire ordinaire du Roi pour la conduite des ambassadeurs.
A plusieurs reprises, au cours du mois, Mesdames avaient à dîner l’abbé Maury, M. de Cazalès et le marquis de Foucault de Lardimalie, tous trois députés à l’Assemblée nationale constituante, mais favorables à la monarchie.
Dans le quartier d’avril 1790, Louis XVI donne, pour 24 516 livres, de gratifications.
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Pour le mois d’avril, dans les dépenses des petits appartements, Louis XVI paie, à M. Andrieux, 4 308 livres, qui est le dernier paiement à un achat de vin.
Il paie, aussi, 1 302 livres pour quatre barriques de vermouth arrivées de Vienne. |